« Libération » donne la parole aux géographes


ATTENTION : pour les lecteurs qui viennent du site du Café pédagogique, le lien n’était pas le bon ! F. Jarraud a confondu avec l’an dernier. Il s’agit du Libé 2013 !

 

Quatorze géographes ont été invités par la rédaction de Libération pour un numéro spécial à l’occasion du Festival de géographie de Saint-Dié-des-Vosges. Réunis au « hublot », le 8e étage de ce mythique paquebot – en fait, un ancien parking investi par le journal depuis la fin des années 1980 – les géographes avaient du mal à se concentrer devant un paysage aussi époustouflant sur Paris.

Vincent Giret, le directeur de la rédaction, Béatrice Vallaeys, la directrice adjointe et Sylvain Bourmeau, rédacteur en chef rendent hommage aux géographes dont ils se sentent « proches ». La première question urgente est le choix de la Une : Syrie ? Fiscalité des oeuvres d’art ? Affaire du dopage d’Armstrong ? L’actualité syrienne l’emporte parce qu’arrive à la rédaction un dossier remarquable de Syrie. Les géographes Marcel Bazin et Fabrice Balanche ont déjà envoyé des papiers de géopolitique sur la région. Une carte est prête mais elle décevra un peu les géographes qui ont dû comprendre les contraintes éditoriales.

Louis Marrou, directeur scientifique de ce 23e  festival, présente l’intérêt que les géographes portent aux paysages qui seront au centre des débats pendant trois jours. La rédaction le charge en ce jour de prix Nobel de littérature de faire le portrait de l’Américain Yi-Fu Tuan, le « Nobel de la géographie » couronné à Saint-Dié le lendemain.  Jean-Louis Tissier tente et réussit dans le journal la gracquienne « forme d’une ville » avec le « portrait » de Saint-Dié « capitale de la géographie ». Yves Lacoste  a droit à tous les égards du chef de file des géographes qu’il fut dès 1976 et il est chargé de rédiger l’édito sur la Syrie tandis que Frédérick Douzet cartographiera les questions du droit de vote aux Etats-Unis. Jérémy Robine se met au chevet des banlieues, faisant écho à un article de Boris Grésillon évoquant longuement la grande malade qu’est Marseille. Alors que Manouk Borzakian tonne contre les Genevois qu’il trouve « urbaphobes » et Mathieu Giroud explore les conséquences de la catastrophe AZF à Toulouse.

Avec Augustin Berque, la rubrique « Rebonds » plaide pour des villes moins « insoutenables », Benoit Antheaume fait un éloge décalé de Joël Bonnemaison, alors que Brice Gruet tente de saisir le sens caché du Land art américain et présente les portulans dont la BNF va faire l’exposition incessamment. Bertrand Pleven écrit sur le paysage urbain les séries américaines, Hovig Ter Minassian et Samuel Rufat sur les paysages dans les jeux vidéos. Martine Tabeaud utilise un tableau de Constable pour « prévoir la pluie sur Londres »…

Je me suis greffé sur le thème du festival en expliquant pourquoi la plupart des beaux paysages de la planète (vignobles, rizières, champs de thé, etc.) sont « alimentaires ». Ce que ne conteste pas Michaël Bruckert qui peste en Alsace contre les paysages du maïs privant les autochtones… de paysage.

Voici comment Libération a libéré le temps d’un journal  la géographie de ses carcans universitaires.

Merci Libé !


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