Le Vendée Globe pour porter loin nos rêves


Rapprocher la Vendée de l’idée de « globe » était une audace que peu de régions ont eue en France. Imagine-t-on aujourd’hui un Picardie Globe qui soit un concours sur la betterave à sucre, un Auvergne Globe sur les charcuteries de montagne et un Alsace Globe sur la bière ou la choucroute ? Et pourtant, ces rebelles à la Révolution française sont à la pointe d’une révolution silencieuse sur les mers, celle d’une course au spectacle du bateau à voile depuis 1989. Cet « Everest de la mer », ainsi nommée pour ses difficultés, se grimpe depuis les Sables-d’Olonne, en faisant le tour de l’Antarctique et laissant sur bâbord de célèbres caps comme celui de Bonne-Espérance.

Son fondateur, Philippe Jeantot, avait participé à d’autres courses depuis la fin des années 1960, grande époque des courses en solitaire avec Tabarly et Moitessier qui lancèrent la voile spectacle avec la télévision et le sponsoring. Très française et distincte de l’America Cup (boudée par les Français), cette compétition a été reprise par les collectivités territoriales. Imposant la course en solitaire, sans escales, avec une assistance médicale à distance, aucune assistance technique, un routage interdit,  le Vendée Globe a fait émerger des héros comme Titouan Lamazou, Miche Desjoyeaux, Yves Parlier et, cette année 2013, François Gabart (qui a gagné un mois par rapport au temps mis par Lamazou en 1990).

Les 45 000 kilomètres sont présentés à la presse comme une épreuve pour bâtir des héros : « descente » de l’Atlantique après avoir évité les pièges du Golfe de Gascogne, accrocher les alizés et défier les vents erratiques, les pluies diluviennes du Pot au Noir (passage de la zone de convergence intertropicale), contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. Puis l’Océan indien que Lamazou appelait « le pays de l’ombre » plonge les skippers dans des lumières basses, une mer cassante jusqu’au cap Horn où la mer est mieux « rangée » dans le Pacifique. Les abandons sont nombreux lors de la « remontée » de l’Atlantique sud car les vents sont très violents.

Qu’attendons-nous de ces compétitions ? B. Le Solleu répond : Ce que nous attendons, nous, pauvres rats des villes, des exploits de ces marins, fils de Moitessier et de Tabarly ? Qu’ils portent loin nos rêves, se battent avec courage contre les éléments déchaînés et nous fassent ravaler sans peine nos frustrations d’aventures. Ils sont notre antidote à un monde découpé en tranches horaires, câblé de toute part, cerné par les automobiles, les avions, les satellites. Un monde rapetissé, qu’ils élargissent d’un coup en passant près de quatre moins à en faire le tour (…) Nous les voulons hommes libres. »

 


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