Internationaliser l’Amazonie, mais aussi New York, Paris…


Pendant un débat dans une université aux États-unis au moment du Forum du Millénaire (New York) en mai 2000, le ministre de l’Éducation Cristóvão Buarque, fut interrogé sur ce qu’il pensait au sujet de l’internationalisation de l’Amazonie. Un jeune étudiant américain commença sa question en affirmant qu’il espérait une réponse d’un humaniste et non d’un Brésilien. Le texte de cette réponse est paru dans le journal Globo en octobre 2000.

Voici la réponse de M. Cristóvão Buarque :

« En effet, en tant que Brésilien, je m’élèverais tout simplement contre l’internationalisation de l’Amazonie. Quelle que soit l’insuffisance de l’attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est le nôtre.

En tant qu’humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant dont souffre l’Amazonie, je peux imaginer que l’Amazonie soit internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l’importance pour toute l’humanité. Si, au nom d’une éthique humaniste, nous devions internationaliser l’Amazonie, alors nous devrions internationaliser les réserves de pétrole du monde entier.

Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l’humanité que l’Amazonie l’est pour notre avenir. Et malgré cela, les maîtres des réserves de pétrole se sentent le droit d’augmenter ou de diminuer l’extraction de pétrole, comme d’augmenter ou non son prix.

De la même manière, on devrait internationaliser le capital financier des pays riches. Si l’Amazonie est une réserve pour tous les hommes, elle ne peut être brûlée par la volonté de son propriétaire, ou d’un pays. Brûler l’Amazonie, c’est aussi grave que le chômage provoqué par les décisions arbitraires des spéculateurs de l’économie globale. Nous ne pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays entiers pour le bon plaisir de la spéculation.

Avant l’Amazonie, j’aimerai assister à l’internationalisation de tous les grands musées du monde. Le Louvre ne doit pas appartenir à la seule France. Chaque musée du monde est le gardien des plus belles oeuvres produites par le génie humain. On ne peut pas laisser ce patrimoine culturel, au même titre que le patrimoine naturel de l’Amazonie, être manipulé et détruit selon la fantaisie d’un seul propriétaire ou d’un seul pays. Il y a quelque temps, un millionnaire japonais a décidé d’enterrer avec lui le tableau d’un grand maître. Avant que cela n’arrive, il faudrait internationaliser ce tableau.

Pendant que cette rencontre se déroule, les Nations unies organisent le Forum du Millénaire, mais certains Présidents de pays ont eu des difficultés pour y assister, à cause de difficultés aux frontières des États-unis. Je crois donc qu’il faudrait que New York , lieu du siège des Nations unies, soit internationalisé. Au moins Manhattan devrait appartenir à toute l’humanité. Comme du reste Paris, Venise, Rome, Londres, Rio de Janeiro, Brasília, Recife, chaque ville avec sa beauté particulière, et son histoire du monde devraient appartenir au monde entier.

Si les États-Unis veulent internationaliser l’Amazonie, à cause du risque que fait courir le fait de la laisser entre les mains des Brésiliens, alors internationalisons aussi tout l’arsenal nucléaire des États-unis. Ne serait-ce que par ce qu’ils sont capables d’utiliser de telles armes, ce qui provoquerait une destruction mille fois plus vaste que les déplorables incendies des forêts Brésiliennes.

Au cours de leurs débats, les actuels candidats à la Présidence des États-unis ont soutenu l’idée d’une internationalisation des réserves florestales du monde en échange d’un effacement de la dette. Commençons donc par utiliser cette dette pour s’assurer que tous les enfants du monde aient la possibilité de manger et d’aller à l’école. Internationalisons les enfants, en les traitant, où qu’ils naissent, comme un patrimoine qui mérite l’attention du monde entier. Davantage encore que l’Amazonie. Quand les dirigeants du monde traiteront les enfants pauvres du monde comme un Patrimoine de l’Humanité, ils ne les

laisseront pas travailler alors qu’ils devraient aller à l’école; ils ne laisseront pas mourir alors qu’ils devraient vivre.

En tant qu’humaniste, j’accepte de défendre l’idée d’une internationalisation du monde. Mais tant que le monde me traitera comme un Brésilien, je lutterai pour que l’Amazonie soit à nous. Et seulement à nous! »

Should the Amazon be Internationalized?

During the debate at a university in the United States, the former governor of the Federal District, former education minister and current senator CRISTÓVAM BUARQUE, was questioned about what he thought of the internationalization of the Amazon.

The youngster asserted that he expected a response of a humanist and not a Brazilian.

This was the response of Dr.Cristóvam Buarque:

“In fact, as a Brazilian I would simply speak against the internationalization of the Amazon. Even if our governments have not given the due attention to this treasure, it is ours.

“As a humanist, feeling the risk of environmental degradation that threatens the Amazon, I could imagine its internationalization, as well as everything else that is important for humanity.

“If the Amazon, from a humanist ethical standpoint, should be internationalized, internationalize the oil reserves world. This oil is as important to the welfare of humanity as the Amazon for our future. Nevertheless, the owners of the reserves feel the right to increase or reduce the extraction of oil and rising or not its price.”

“Likewise, the financial capital of the rich countries should be internationalized. If the Amazon is a reserve for all human beings, it can not be burned by the desire of a landowner or a country. To burn the Amazon is as serious as the unemployment caused by the arbitrary decisions of global speculators. We can not let the financial reserves serve to burn entire countries in the frenzy of speculation.

“Even before the Amazon, I would like to see the internationalization of all the great museums of the world. The Louvre should not belong only to France Each museum is a guardian of the most beautiful works produced by human genius. You can not let this cultural patrimony, as the natural heritage Amazon, be manipulated and directed by the whims of an owner or a country. Not long ago, a Japanese millionaire decided to be buried with a picture of a great artist. Before that, the picture should have been internationalized.

“During this meeting, the United Nations is hosting the Millennium Forum; the presidents of several countries had difficulties in attending due to constraints in the U.S. border. So I think that New York,
as the United Nations headquarters, should be internationalized. At least Manhattan should belong to all mankind. Like Paris, Venice, Rome, London, Rio de Janeiro, Brasilia, Recife, each city, with its unique beauty, its history of the world should belong to the world.

“If the U.S. wants to internationalize the Amazon, at the risk of leaving it in Brazilian hands, internationalize all the nuclear arsenals of the USA. Since they have already demonstrated that they are capable of using these weapons, causing destruction thousands of times larger than the pitiful burning of the forests of Brazil.

“I defend the idea of internationalizing the world’s forest reserves in exchange for debt. Let us use this debt to ensure that every child in the world is allowed to eat and go to school. Internationalize the children treating them, all of them, no matter what country they were born, as patrimony that deserves care worldwide.

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Durante um debate no State of the Wold Center, Nova York, o ex-governador do Distrito Federal e Ministro da Educação brasileiro, CRISTOVAM BUARQUE, foi questionado sobre o que pensava da internacionalização da Amazônia. Ao fazer a pergunta, o entrevistador americano disse-lhe que esperava a resposta de um humanista e não de um brasileiro.

Esta foi a resposta do Sr. Cristóvão Buarque :

« De fato, como brasileiro, eu simplesmente falaria contra a internacionalização da Amazônia: por mais que nossos governos não tenham o devido cuidado com esse patrimônio, ele é nosso.

Como humanista, sentindo o risco da degradação ambiental que sofre a Amazônia, posso imaginar a sua internacionalização – como também de tudo o mais que tem importância para a humanidade.

Se a Amazônia, sob uma ética humanista, deve ser internacionalizada, internacionalizemos também as reservas de petróleo do mundo inteiro …

O petróleo é tão importante para o bem-estar da humanidade quanto a Amazônia para o nosso futuro: apesar disso, os donos das reservas sentem-se no direito de aumentar ou diminuir a extração de petróleo e subir ou não o seu preço.

Da mesma forma, o capital financeiro dos países ricos deveria ser internacionalizado: se a Amazônia é uma reserva para todos os seres humanos, é obvio que não pode ser queimada pela vontade de um dono, ou de um país; mas queimar a Amazônia é tão grave quanto o desemprego provocado pelas decisões arbitrárias dos especuladores globais, não podemos deixar que as reservas financeiras sirvam para queimar países inteiros na volúpia da especulação.

Antes mesmo da Amazônia, eu gostaria de ver a internacionalização de todos os grandes museus do mundo! O Louvre não deve pertencer apenas à França, cada museu do mundo é guardião das mais belas peças produzidas pelo gênio humano: não se pode deixar que esse patrimônio cultural, como o patrimônio natural Amazônico, seja manipulado e destruído pelo gosto de um proprietário ou de um país. Há pouco tempo, um milionário japonês decidiu enterrar com ele um quadro de um grande mestre: antes de se cumprir esta estranha vontade, aquele quadro deveria ter sido internacionalizado.

Enquanto decorre este nosso encontro, as Nações Unidas estão realizando o Fórum do Milênio: mas os presidentes de alguns países tiveram dificuldades em comparecer, por constrangimentos na fronteira dos EUA.

Por isso, eu acho que Nova York, como sede das Nações Unidas, deve ser internacionalizada, pelo menos Manhattan deveria pertencer a toda a Humanidade. Assim como Paris, Veneza, Roma, Londres, Rio de Janeiro, Brasília, Recife – cada cidade, com sua beleza específica, sua historia do mundo, deveria pertencer ao mundo inteiro.

Se os EUA querem internacionalizar a Amazônia, pelo risco de deixá-la nas mãos de brasileiros, internacionalizemos todos os arsenais nucleares dos EUA; até porque eles já demonstraram que são capazes de usar essas armas, provocando uma destruição milhares de vezes maior do que as lamentáveis queimadas feitas nas florestas do Brasil.

Nos seus debates, os atuais candidatos à presidência dos EUA têm defendido a ideia de internacionalizar as reservas florestais do mundo em troca da dívida externa brasileira. Comecemos por usar essa dívida para garantir que cada criança do Mundo tenha possibilidade de COMER e de ir à escola.

Internacionalizemos as crianças tratando-as, todas elas, não importando o país onde nasceram, como patrimônio que merece cuidados do mundo inteiro, ainda mais do que merece a Amazônia. Quando os dirigentes tratarem as crianças pobres do mundo como um patrimônio da Humanidade, eles não deixarão que elas trabalhem quando deveriam estudar, que morram quando deveriam viver.

Como humanista, aceito defender a internacionalização do mundo. Mas, enquanto o mundo me tratar como brasileiro lutarei para que a Amazônia seja nossa. Só nossa!.

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