Faut-il encore apprendre à lire une carte ?


Henri Desbois, géographe à l’université de Paris-Ouest La-Défense, répond aux Echos (14 mai): « Les utilisateurs d’un GPS suivent une procédure et ne savent plus où ils vont. Si vous demandez à vos amis où se trouvait le mariage auquel ils se sont rendus samedi dernier, ils vous répondront : ‘nous ne savons pas, c’était en province et nous avons suivi le GPS‘ »

Ainsi donc le fameux effet tunnel des trains rapides touche aussi  nos déplacements par GPS. Qui handicapent de plus en plus, pour Stéphane Roche (université Laval, Canada), les adultes se perdant de plus en plus fréquemment sur les cartes.

Une nouvelle révolution est en route dans la cartographie. Petit rappel : 150 apr. J.-C. : Ptolémée pose les bases de la cartographie scientifique. 1669 : Jean-Félix Picard (France) théorise la triangulation (mesure de la position d’un point par rapport à deux autres points). 1750-1791 : carte de César-François, puis de Cassini. 1858 : photographie aérienne d’un ballon captif. 1959 : images satellitaires de la Terre par le satellite américain Explorer 6. 1978 :  lancement du premier satellite GPS au Etats-Unis. 2004 : démarrage de Google Maps, aux Etats-Unis et Canada. Gratuité en France deux ans plus tard.

Parmi les recensions de Jacques Henno (même source) sur la révolution cartographique en cours, on va bientôt utiliser de plus de plus de cartes ne ressemblant en rien à celles d’aujourd’hui. On pourra :

*- savoir que l’appartement au-dessous duquel on passe dans la rue, va bientôt être mis en vente (grâce à des lunettes à réalité augmentée). Une société israélienne, Waze, produit de la géolocalisation communautaire sur smartphone.
*- suivre, comme à Philadelphie actuellement, l’évolution de la délinquance en fonction des délits commis.
*- définir n’importe quelle zone survolée par des drones que l’on pilotera avec notre iPhone (SensFly rachetée par le français Parrot, et Esri France, qui édite les logiciels).

Salt Lake City par crowdsourcing (source oegeo)

*- grâce au crowdsourcing, des volontaires font des cartes en « open source » pour OpenStreetMap(OSM), projet lancé en 2004 d’une carte open source de la planète : utile pour une cartographie des accès handicapés dans les villes, utile pour les secours arrivant trop tard, utile pour préparer un voyage jusqu’à une banlieue la plus reculée avec RATP, TGV, SNCF, compagnies de bus territoriales…

Ici, à gauche, sur  le plan de Salt Lake City, vous pouvez cliquer sur chaque cellule: le vert indique de nouveaux événements dans ce quartier, le jaune signale des changements (une librairie qui s’ouvre), le rouge renseigne sur ce qui a disparu). Jetez un oeil au site oegeo de Martjin van Exel vous donne la matrice de la carte.

La carte numérique sera tellement riche qu’on ne l’appellera plus « carte », mais « information géographique ». Une nouvelle aventure cartographique commence. Il va falloir nous rendre à l’idée que nous vivrons avec des gens ne sachant plus lire nos bonnes vieilles cartes au 1:25 000e qui rejoindront celles de Cassini au département des Cartes et plans de la BnF.

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Pour en savoir plus :

l’excellent site d’infos géomatiques  : georezo.net
web geo services

 


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