Fêtards, allez-vous faire voir ailleurs !


Crise NIMBY (« Not In My BackYard ») dans la ville. D’un côté, les fêtards, espèces sans gêne, squatteurs d’espace sonore. De l’autre, des gens »normaux » (en mode Hollandais) qui bossent, triment et ont envie de tranquillité. Qui ont déserté les banlieues, sacrifié leur jardin et les mètres-carrés pour être en ville. Les voici emmerdés par des gueulards, des soiffards et des bitards qui viennent hurler dans les rues comme des chiens abandonnés. Pour eux, la mairie de Paris a organisé il y a quelques jours des Etats généraux de la nuit pour « réconcilier » les deux chiens de faïence. D’un côté, des « professionnels de la nuit » qui vous plument avec du champagne à quatre sous et des décibels à vous rendre idiots. Ceux-là qu’un Eric Dahan a racontés dans ses inénarrables chroniques « Nuits blanches » (Libération, de 1994 à 2006) et qui pleurniche aujourd’hui que Paris « se muséifie ». Le musée le jour, oui, le musée la nuit, non.
Hypocrisie parfaite d’un marchand de soupe. Fermé parce que ta musique était nulle !

D’un autre côté, des gens qui ont une sociabilité différente, qui n’aiment pas « l’industrie » tant vantée du loisir. Qui préfèrent leur tribu, le repos, la lecture, les grands crus alsaciens, les repas sans que tout se termine comme sur un champ de foire du charolais. Ils n’ont jamais cru que le bar est une scène sociale, comme le dit lui-même le Dahan sus-nommé. S’ils font la fête, même ce qu’on appelle une fête privée (« chers voisins, je reçois ce soir des zamis, excusez-nous pour la gêne occasionnée« ), ils pensent aux autres, ils s’en vont finir leur soirée dans un bar.

Pourquoi faudrait-il comparer Paris qui se mourrait à Barcelone ou Tel Aviv qui s’éclatent ? S’émouvoir qu’à une heure raisonnable, ceux qui doivent bosser le lendemain matin, nettoyer les rues que les fêtards ont salopées avec leur vomi, les tessons de bouteille, les canettes, que ces gens qui sont pris par les gueulards patentés pour de pauvres crétins puissent revendiquer de dormir. Que je me souvienne, le Palace de nos jeunes années n’était pas peuplé d’Anglais biturés ? Même Dahan se rappelle que là, les Rothschild pouvaient accueillir le travelo du coin : « Ceux qui étaient considérés comme marginaux à l’extérieur étaient célébrés. On célébrait la différence et tout le monde y avait le droit. C’était un lieu emblématique, pionnier (…) Pendant les années 1980, il y a eu Les Bains Douches, c’était plus petit et exclusif. Il y avait aussi Le Garage, La Piscine. (…) Jusqu’à 1995, Paris était un lieu de nuit » . C’était l’époque où Giscard, tout président de la République qu’il était, non chaperonné par un rottweiler, pouvait rentrer à l’Elysée à l’heure du laitier.
Lisbonne qui noie ses malheurs dans la nuit

Hidalgo, attention ! NKM la sarkozyste non-repentie va promettre le kärcher pour nettoyer Paris. Et ceux qui voudront retrouver le sommeil ne te laisseront pas gamberger avec ces marchands de nuit qui te becquetent dans les mains.


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