Bretagne qui pleure, Afrique qui rit


 

La Bretagne qui n’en finit pas de pleurnicher sur son industrie agro-alimentaire devrait méditer ce qui lui arrive au lieu d’écouter Xavier Beulin, PDG d’une entreprise d’agrocarburants et président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, se lamenter sur la fin des subventions bruxelloises à l’export depuis le 18 juillet. Ecoutez-le : Je suis très amer. La France s’est très mal défendue. L’Europe baisse sa culotte au moment même où l’on commence les négociations sur l’accord de libre-échange avec les États-Unis ».

Ces propos de corps de garde chiraquien font du bien à l’ego mais cette machine infernale de l’industrie volaillière mérite-t-elle qu’on la regrette ? Ram Etwareea, journaliste au Temps (25 juillet), donne un éclairant point de vue africain : « Dans les petites et grandes villes africaines, plus particulièrement sur la côte ouest, on trouve toujours sur les marchés des montagnes de poulet décongelé. Les acheteurs se l’arrachent. Le prix? C’est donné! Il est même moins cher que le poisson du pays. Mariné avec du pili-pili, qui cache l’odeur de la viande rance, et grillé au charbon, il fait le bonheur des petits et grands.

Ce poulet fait aussi le bonheur d’aviculteurs français qui découpent les cuisses et les blancs pour le marché local et exportent les bas morceaux (ailes, cous, pattes) en Afrique. Leur valeur marchande est presque nulle en Europe mais, grâce aux subventions aux exportations payées par l’Union européenne, c’est une affaire qui rapporte ». En effet, ce sont deux groupes français, Doux et Tilly-Sabco qui se gavaient d’argent public européen : pour la période allant de juillet 2012 à juin 2013, les aides se montaient à 55 millions d’euros pour 264 754 tonnes, à raison de 10,85 euros pour 100 kilos. Un montant déjà réduit de deux tiers au fil des années.

Pattes de poulets bretons cherchent acquéreurs

« La fête est finie », se réjouit Ram Etwareea. Dans sa haute idée de la solidarité mondiale, la France a tenté de former une minorité de blocage mais la Commission n’a pas cédé. Le ministre breton S. Le Foll a bien fait son travail de câlinothérapie devant la menace de 4 000 emplois menacés qui fait crier famine les patrons éplorés, tel Charles Doux, 310 millions de fortune personnelle en 2012 et PDG d’une entreprise qu’il a mise en faillite.  « Mais c’est une très bonne nouvelle pour l’Afrique, où la volaille occupe une place importante dans le repas quotidien. La décision européenne donne une chance à la filière locale, qui réclamait la fin du dumping depuis de longues années ».

Bretagne, réveille-toi !

 

 

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