Le marché aux esclaves de l’alimentation en Europe du Sud


(Récolte dans les Pouilles, Italie ambienteeambienti.it)

Quand la télévision s’empare de la food, marronnier de l’information à sensation, cela donne des hommages assez appuyés à notre génie des vins comme on a pu le voir dans Des racines et des ailes qui enquêtait sur les grands crus de Bourgogne. Il n’a pas été question de savoir pourquoi ces parcelles plantées en pinot noir étaient devenues si juteuses –  » eh, Roger (Dion), tu peux rester au Collège de France et ronronner dans tes archives -, mais des « professionnels », des « investisseurs », des « circuits commerciaux », le tout sans ombre mais avec beaucoup de lumière.

Cash investigation (France 2) nous emmenait à Rungis pour évaluer le coût social de toutes ces productions agricoles à bas prix qui arrivent en tête de gondole dans les supermarchés. Il fallait suivre la leçon depuis le chariot de supermarché jusqu’aux fournisseurs locaux hors de l’Europe, en passant par les halles de Rungis. Ce n’est pas un monde de bisounours mais bien une nouvelle planète esclavagiste où l’on pratique, à notre insu, les « récoltes de la honte« .

L’alimentation étant ce qui nous relie, les tomates, poivrons, brocolis et pastèques viennent de l’Italie du Sud ou d’Andalousie. Dans les Pouilles italiennes, les clandestins africains sont à la peine, parqués dans ce qu’il faut appeler de nouveaux ghettos conçus par les mafias. Ce qui nous arrange bien, car ce seraient donc les mafieux responsables… Sur la photo, on les voit prendre quelques instants de fête pour ne pas mourir de honte et d’ennui. Remake du Cauchemar de Darwin, le célèbre docu de Sauper, les images de France 2 montrant le poisson pêché par des chalutiers sud-coréens  au large de la Guinée-Conakry précédaient le long voyage qui ramène cette pêche miraculeuse sur nos étals. La visite à bord du chalutier était édifiante. Rien n’a vraiment changé depuis la traite du XVIIIe siècle. La récolte des bananes appartenait au même chapitre.

Notre brave Elise (Lucet) tentait de joindre les patrons de ces entreprises pourtant respectables. En vain. La page Replay sur le site de France 2 et Youtube permettant de réécouter l’émission trois jours après sa diffusion a curieusement disparu…

C’est samedi. La musique d’ambiance dans nos supermarchés aura une drôle de tête cette « fête de la gastronomie ».

 


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