Beaux lieux et lieux moches: le MIT au travail


Le site Place Pulse imaginé par le Massachusetts Institute of  Technology (MIT) représente une tentative quelque peu saugrenue de classer les espaces et les territoires: deux photos sont confrontées, puisées au hasard dans les clichés Google Street View, et le visiteur est invité à « choisir » celle des deux qui lui semble le plus « belle », ou « prospère », « sûre », « vivante », « ennuyeuse », ou « déprimante ». L’enquête porte sur 56 villes et 100 000 images, surtout de villes américaines, mais pas seulement. Cela va de Belo Horizonte à Tel Aviv en passant par Washington.

Une géographie de l’affect basée sur des clichés automatiques, voilà déjà un beau paradoxe. Mais laissons la parole aux organisateurs de ce projet:  « cartographier la perception urbaine à travers villes et continents.

Place Pulse mesure quantitativement la perception urbaine à travers des données collectées en crowdsourcing tout autour du globe. Les villes ne sont pas que des collections de données démographiques; elles sont aussi des endroits où prend place l’expérience des gens. Les environnements urbains sont connus pour susciter des réactions fortes, et il y a des indices et des théories qui suggèrent que ces réactions peuvent influencer les comportements criminels, ou la santé. Pourtant nous manquons de données quantitatives sur les réactions suscitées par les environnements urbains. Place Pulse est un effort pour collecter les données de perception urbaine afin d’aider à faire avancer ces efforts de recherche et ouvrir de nouvelles perspectives. »

Le protocole statistique et technique est très solide et complexe, mais le point de départ est étrange: des photographies ne peuvent pas se substituer à l’expérience directe d’un environnement urbain. Les statistiques et graphiques portent donc plus sur les images elles-mêmes que les environnements, même si certains résultats cartographiques ont l’air assez pertinents. Ensuite, le fait de mélanger des villes issues de cultures et de pays très différents laisse penser que toutes ces villes sont comparables sur un pied d’égalité.

Tout cela engendre plus de confusion qu’autre chose. L’expérience sensorielle d’une ville se décline de bien des façons. La ville diurne et nocturne n’est pas la même… le piéton et l’automobiliste n’ont pas non plus la même vision de la ville.

L’expérience est intéressante, mais les classement ne valent peut être pas beaucoup plus que pour eux-mêmes. Dans tous les cas, à suivre…

 


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