Existe-t-il une géographie du rapt?


Cela pourrait sembler une question étrange, mais l’assassinat des deux journalistes de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon pose la question de la fréquence des enlèvements, crapuleux ou/et terroristes, qui semblent prendre un certain essor à l’échelle planétaire. Nous évoquions aussi les immolations, qui ont trouvé une certaine forme de mondialisation.

Les enlèvements eux suivent évidemment les espaces de conflits, surtout « asymétriques » dans lesquels les « faibles » menacent les forts en jouant sur le respect par les démocratie des vies humaines. La phraséologie pseudo-jihadiste des membres d’AQMI ne doit pas faire illusion: prendre tout un peuple comme cible relève de la folie furieuse mais en même temps elle procède d’un pragmatisme terroriste bien rôdé.

Bagdad, la Colombie, le Sahel à présent, constituent des régions à haut risque pour les occidentaux qui s’y trouveraient. L’enlèvement politique a déjà une longue histoire, mais il semblerait que l’une des conséquences de l’enrichissement du nord soit l’explosion d’un certain marché de l’enlèvement… Dans le cas du Mali et du Sahel, le mot « croisade » brandi par les islamistes révèle une lecture de l’histoire totalement biaisée, mais toujours apte à faire résonner des souvenirs collectifs anciens. Les croisades vues par les musulmans, d’Amin Maalouf, avait fait date en montrant une autre facette de l’histoire.

Le problème à présent est qu’avec la benladénisation des esprits opérée depuis 2001, les divers camps sont aussi bêtes l’un que l’autre. On est passé d’un monde bipolaire à  un autre, avec cette paranoïa des « musulmans » attaqués par des « croisés ». Lecture plutôt rudimentaire du legs post-colonial, mais qui s’applique à des contextes de domination économique dure et cynique: les ressources naturelles avant tout, dont l’uranium, stratégique pour la France, engendrent une politique de grandes firmes françaises installées dans des territoires lointains pour nous, mais qui ont des conséquences pas forcément positives pour les populations locales. Et, paradoxalement, les choix politiques à l’étranger fait sans consultation de la population ont des conséquences sur la métropole.

L’instrumentalisation de l’islam par les groupes « djihadistes » sahéliens, comme un repli identitaire aussi facile que désespéré, fait écran. Tout comme le nationalisme serbe faisait écran en ex-Yougoslavie devant les rivalités économiques, l’islam est pris comme prétexte pour des opérations de grand banditisme.

Les populations locales sortent toujours perdantes de ces confrontations, et il semble que l’armée française soit loin d’en avoir terminé sur place. A suivre donc…


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