Playboy, une revue de géographie physique


Voici soixante ans que sur la planète imprimée fit irruption en décembre 1953 le magazine Playboy qui aguichait le chaland avec Marylin Monroe. En cadeau, une double page centrale avec l’actrice nue dans un décor rouge feu qu’on pourra retrouver, si on est patient, sur la toile.

A l’assaut de la Jungfrau (carte postale suisse)

En quoi cette publication peut intéresser les géographes ? Non, pas ceux qui travaillent sur l’éminente question anglo-saxonne du genre. Ils ont des modèles à leur disposition que nous n’oserions montrer ici. Mais ceux qui veulent comprendre la distribution mondiale des caractères physiques intéressant les hommes qui regardent les femmes. Pour être plus rapide : savoir s’il y a un universel féminin pour hommes.  Il suffit pour cela de feuilleter une collection de Playboy.

Pierre Barthélémy*, un bloggeur du Monde, a trouvé des articles sur les playmates des années 1960 à 1978. Puis, la géographie comparée du corps féminin porté à l’hyperbole a été le fait du psychologue américano-indien Devendra Singh (université du Texas). Il calcule le rapport entre le tour de taille et le tour de hanches qui lui apparaît comme « un puissant attracteur dans l’esprit masculin, quelles que soient les cultures et les époques. »

Et Devendra Singh ajoute : « Une silhouette en forme de sablier (le fameux 90-60-90) envoie des signaux positifs annonçant santé et fécondité« . Une théorie qu’il confirme sur l’examen de ce rapport sur la « locataire de la page centrale » de Playboy sur deux périodes entre 1955 et 1965, puis 1976 à 1990.

Les Anglais cultivant le paradoxe sont évidemment sceptiques. Le British Medical Journal n’est pas d’accord, prétexte sans doute pour mesurer à nouveau toute la collection, soit 577 numéros entre 1953 et 2001. « Il y a sans doute pire comme expérience« , philosophe Pierre Barthélémy. Soit, mais encore.

L’enquête  aboutit au calcul d’un chiffre stable, celui du poids. « Mais comme la population générale a beaucoup grandi au fil du demi-siècle étudié, l’indice de masse corporelle des jeunes femmes de Playboy est descendu sous la moyenne de la population, rejoignant ainsi la dérive vers l’idéale minceur observée dans les magazines féminins. » Autrement dit, l’écart entre taille et hanche se rétrécit au point qu’on peut inventer un nouvel indice : l’indice d’androgynie.

Ce qui veut dire, à soixante ans d’intervalle, que les modèles britanniques d’aujourd’hui sont moins « en sablier » qu’en « tubulaire ». On l’a constaté dans les rues des grandes métropoles mondiales. Les jeunes gens, hommes ou femmes, se rapprochent d’un idéal unisex qui parcourait déjà la mode il y a cinquante ans et qui s’est étendu à l’Asie orientale.

Mais l’Inde, l’Afrique, l’Amérique latine n’en sont pas encore là. Cette géographie physique-là a de beaux jours devant elle.

___________

* Source ici

 

 

 


Une réponse à “Playboy, une revue de géographie physique”

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.