La Mère Denis courtisée par un milliardaire algérien


Ne croyez pas être tombés dans la rubrique Géopipole : vous êtes bien en géoéconomie où l’on apprend qu’un milliardaire algérien, Issad Rebrab, part à la conquête de la France. Un point de précision pour les plus jeunes qui ne connaissent pas la Mère Denis. Voici comment nous l’avons connue en France dans les années 1960-70 : regardez et parlez-en à vos grands-mères qui sont les premières dans l’histoire de l’humanité à avoir été délivrées des tâches de lavage du linge. Une étape aussi importante dans l’émancipation des femmes que le droit de vote (1945) ou la possibilité d’ouvrir un compte bancaire sans l’avis d’un mari (1967), sans parler de la contraception.

Issad Rebrab s’éprend de la Mère Denis

La Mère Denis est l’icône d’un groupe électro-ménager, FagorBrandt qui est en difficulté et qui pourrait licencier des centaines de personnes. Le prétendant, Issad Rebrab, 69 ans, est un homme d’affaires algérien et sa société Cevital qui possède des sociétés dans l’agroalimentaire, la construction et les ventes de voiture, tous secteurs bien stratégiques dans ce pays. Dans le contrat de fiançailles envoyé à l’avocat Montebourg, ministre d’un redressement problématiquement productif, 1200 salariés français trouveraient de quoi échapper au licenciement.

Le ministre fait la fine bouche, car FagorBrandt compte 1 800 salariés dont certains assemblent des objets de marque Sauter, De Dietrich et la fameuse Vedette qui fit connaître cette garde-barrière du Pays d’Auge, la fameuse Mère Denis. Il faut dire qu’elle en a vu d’autres puisqu’elle fut mariée à Thomson, à l’Italien Elfi, à l’Israélien Elco, au Français Moulinex et à l’Espagnol Fagor…

Issad Rebrab est originaire  de Kabylie, d’une famille assez modeste. Il est expert-comptable avant de bâtir son conglomérat qui compte aussi des activités de transport maritime, de verre, de grande distribution ou des machines agricoles, le tout employant 12 000 salariés. Il avait été candidat malheureux aux rachat du volailler breton Doux. Rebrab n’a pas sa langue dans sa poche lorsqu’il faut faire des leçons d’économie au pouvoir algérien. Entrepreneur battant, il investit tout ce qu’il gagne et sa devise est simple :  « Voir grand, commencer petit et aller vite. »

La Mère Denis ne devrait manquer de rien avec lui. Forbes classe son prétendant parmi les trente plus grosses fortunes africaines. Avec des ambitions qui ne fléchissent pas : Rebrab veut multiplier son chiffre d’affaires par 6 d’ici dix ans. Il aimerait dupliquer les activités des sociétés qu’il rachète dans son pays pour développer une industrie locale et limiter la dépendance vis-à-vis des pays riches.

Le contrat proposé est de conserver quatre usines sur les six du groupe FagorBrandt : les usines d’Orléans (Loiret) et Vendôme (Loir-et-Cher), et le siège de l’entreprise à Rueil-Malmaison ainsi que les services après-vente réunis à Cergy-Pontoise (Val d’Oise). Seraint sacrifés deux sites :  les usines de La Roche et Aizenay mais il existe des offres partielles pour ces deux sites.

Dans un communiqué, la direction de FagorBrandt précise que le projet le « plus large », sans nommer Cevital, vise à « construire un acteur régional de l’électroménager (Europe/Afrique du Nord/Moyen-Orient), en combinant le savoir-faire et l’expertise de FagorBrandt à celui de sa filiale électroménager existante ». Cevital propose également de reprendre « les filiales de FagorBrandt au Royaume-Uni, en Suisse et à Singapour, ainsi que des actifs de Fagor à l’étranger », sans plus de précisions selon des sources de l’AFP.

Rendez-vous au tribunal de commerce, le 13 février, veille de la Saint-Valentin qu’on souhaite heureuse à la Mère Denis qui mérite bien quelques roses.

 

 

 


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