Lieux sacrés (2) Rome, une ville pour mémoire


Le 21 avril dernier, les Romains fêtaient dans l’ancien Cirque Maxime la mythique fondation de la ville, censée avoir eu lieu le 21 avril 753 avant J.-Cr. Date éminemment printanière, elle correspondrait au jour où Romulus, le fondateur, aurait tracé le sillon primordial, sulcus primigenius tout autour de la future capitale de l’empire romain.

Ce rite n’avait rien d’anodin puisque son frère jumeau, Remus, qui avait enjambé ce sillon par bravade, est tué sur le champ par son frère à cause du sacrilège. On ne badine pas avec le sacré à l’époque. Rome se retrouve donc, d’après les texte anciens, entourée d’un mur de protection autant militaire que magique. C’est le pomoerium, enceinte qui sera plusieurs fois élargie au fur et à mesure que l’empire s’étendra plus loin. Car la ville entretient un rapport étroit avec son territoire.

L’espace intérieur de cette ville archaïque est donc, jusqu’à un certain point, sacré: les hommes en arme n’y sont pas autorisés. Les cadavres doivent être incinérés ou inhumés à l’extérieur de la muraille.

Rome va faire des émules puisque la plupart des villes impériales vont être fondées en respectant scrupuleusement les rites de fondations hérités des Étrusques, « le peuple le plus religieux du monde » selon Cicéron, qui savait de quoi il parlait.

Rome ne s’étant pas faite en un jour, la ville s’est dilatée et contractée à plusieurs reprises tout au long de sa tumultueuse histoire. Presque abandonnée à la fin de l’Empire, elle renaît progressivement pendant la période médiévale et se couvre alors d’église. La Papauté reconquiert aussi un espace qui de païen devient chrétien. Elle resacralise une ville qui l’était déjà de naissance.

Les Romains se rappellent-ils tout cela au moment de la fête de la ville? Peut être. En tout cas, le tourisme actuel, enfant des pèlerinages anciens, perpétue ce culte de l’antique mâtinée de visites aux églises les plus fameuses.

Tout ceci ponctue l’espace urbain de signes et de haltes plus ou moins importants mais qui ne laissent personne indifférent. Rome, ville sacrée peut être, mais sacrée ville dans tous les cas!

Ci-dessus: Groupe historique romain de légionnaires. Plus de 1600 figurants ont participé. Photo: ANSA


Une réponse à “Lieux sacrés (2) Rome, une ville pour mémoire”

  1. Je rentre de 8 jours à Rome… avant Pâques et toutes les festivités !
    Il est impressionnant de constater l’ampleur du patrimoine de l’Eglise qui estampille chaque bâtiment… plus tout ce qui ne se voit pas.
    Et à ce sujet, j’ai une anecdote.
    Une amie romaine m’avait conseillé d’aller boire un verre au Caffè della Pace, lieu typique et dans son jus du 19ème siècle (dans une rue du vieux Rome près de la piazza Navona mais sans la foule des touristes). C’est effectivement un merveilleux endroit qui accueille chaque semaine le Club des Poètes mais qui va être détruit. Les prêtres qui sont propriétaires du pâté de maison ont décidé de construire un hôtel de luxe. Ceci pour faire écho à l’attachement de l’Eglise au sacré et aussi aux 700 m2 d’appartement que le cardinal Bertone occupera bientôt au Vatican. Pauvre Pape !

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