Londres, capitale des miliardaires


Londres est devenue la capitale des milliardaires, tout du moins c’est ce qu’affirme le Sunday Times relayé par le Monde. En effet, un récent classement fait de Londres la première ville par rapport au nombre de milliardaires « nationaux » qui y vivent. Le classement est le suivant:

  • Londres, qui abrite 72 des 104 milliardaires du pays
  • Moscou, où vivent 48 milliardaires
  • New York, où 43 y vivent
  • San Francisco, avec 42 milliardaires
  • Los Angeles, où vivent 38 milliardaires
  • Hong Kong, où 34 y vivent

On peut se demander, comme souvent on l’a fait ici, à quoi peuvent servir ces classements: car mis à part le nombre de milliardaires « hébergés » par ces grandes villes, on ne peut y ajouter grand chose. Ce qui est peut être plus intéressant, c’est la quantité d’argent accumulée par ces milliardaires: dans le cas de Londres, nous arrivons à 368,75 milliards d’euro. Alors que le PIB par habitant a fortement baissé depuis 2008, la richesse accumulée des milliardaires a, elle, progressé. Le classement fait aussi apparaître Moscou dans le peloton de tête. Etrange, compte tenu de la situation financière de la Russie, sauf si l’on considère que la Russie correspond aussi à une économie « grise » liée à la fin de l’Union Soviétique et au développement d’oligarchies plutôt obscures.

Nous en avons déjà parlé ici, s’il existe une géographie des super riches, elle n’est pas forcément visible, d’autant plus que c’est une géographie très réticulaire du fait des connexions entre pays de résidence, pays de villégiature et paradis fiscaux. Cela donne un réseau très lâche mais qui n’en est pas moins réel. Cela dessine aussi, en creux, une géographie de la division internationale du travail et de la séparation entre capital et travail. Pour être plus clair, les pays où l’on profite de la richesse ne sont pas forcément ceux où on la produit. Au XIXe siècle déjà, se mettait en place une division internationale du travail. Elle semble s’accentuer encore aujourd’hui, mais avec un aspect volatile encore lus fort.

Peut-on parler, dans un tel contexte, de justice sociale? Cela ressemble plutôt à un attrape-nigaud. On évoque à chaque fois le mirage du développement pour tous et de la prospérité au bout du tunnel, mais alors que les crises se sont succédé depuis 1973, on ne peut pas dire que les richesses soient mieux réparties, au contraire. Alors que la Guerre froide finissait, on a plutôt assisté à un retour à la bonne vieille géographie de la puissance du XIXe siècle à ceci près que le lien spatial entre industrie et ressources s’est distendu.

Le mythe de la croissance comme remède à tous nos maux économiques se fracasse contre cette réalité toute bête: les riches sont encore plus riches, et la grande masse est appauvrie.


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