De « mystérieux » cratères en Sibérie


Deux cratères de plusieurs centaines de mètres de large sont soudainement apparus en Sibérie en juillet dernier. La nouvelle a été relayée notamment par le Monde et 20 minutes, reprenant eux-mêmes une nouvelle du Siberian Times. Un deuxième cratère a été signalé par Sciences et Avenir. Un vol en hélicoptère a permis de se faire une idée de la cavité qui s’est spontanément formée dans la péninsule de Yamal, en Sibérie. Il semblerait que ce trou de très grande taille se soit formé à cause du dégel d’une formation périglaciaire appelée pingo par  les populations locales, le pingo étant une colline de glace recouverte de pergélisol. Le pergélisol, également appelé permafrost, correspond à un sol gelé en permanence, parfois sur plusieurs centaines de mètres de profondeur, que l’on trouve dans les régions circumpolaires, essentiellement en Sibérie, en Alaska et au nord du Canada.

Un mystérieux cratère apparaît en Sibérie par lemondefr

Pingos près de Tuk, par Emma Pike. Source: Wikipedia
Pingos près de Tuk, par Emma Pike. Source: Wikipedia

Ces pingos, en fondant, peuvent engendrer des effondrements du sol. Ce sont des formations relativement peu connues du grand public, surtout quant à leur mode de formation. Leur fonte peut engendrer la libération d’énormes quantités de gaz à effet de serre. Comme le dit Audrey Chauvet dans l’article de 20 minutes: « Une bombe à retardement climatique qui pourrait encore accélérer la fonte du pergélisol: les chercheurs estiment que si la température moyenne en Sibérie augmentait de 2,5°C d’ici à 2040, le pergélisol relâcherait en fondant entre 30 et 63 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, soit l’équivalent d’une à deux années d’émissions mondiales. De récentes études ont démontré que 30% des 10,7 millions de km2 de terres gelées sibériennes pourraient avoir fondu d’ici à 2050, repoussant le pergélisol 150 à 200 km plus au Nord qu’aujourd’hui. »

La comparaison avec la production industrielle actuelle peut faire réfléchir, car lorsque la Nature se met en branle, les échelles d’énergies dépassent de très loin ce que les sociétés humaines peuvent produire… Les exemples abondent, des éruptions volcaniques aux cyclones en passant par les séismes.

Cet « imprévu climatique » de la fonte du pergélisol fait partie de l’ensemble des changements climatiques actuels, et même si ces calculs sont hypothétiques, il n’en est pas moins vrai que les zones glaciaires sont en profond bouleversement depuis plusieurs décennies. On peut le déplorer, mais c’est un fait. Et il faut aussi se rappeler que les climats terrestres sont en perpétuelle transformation.

Cependant nous sommes, de toute façon, en période dite interglaciaire, c’est à dire en période de réchauffement climatique. La terre, par le passé, a connu du reste des épisodes climatiques beaucoup plus chauds. En certaines périodes, le climat terrestre était globalement tropical humide… Ce sont des cycles climatiques sur lesquels nous n’avons finalement aucune prise.

En revanche, certains grands bouleversements historiques ont été au moins en partie conditionnés par des changements climatiques de grande ampleur. La contraction des zones glaciaires, la fonte du pergélisol et la diminution générale de l’eau sous forme de glace (glaciers, inlandsis, icebergs…) sont au rendez-vous…

La part des sociétés humaines dans ces changements est très difficile à calculer, mais le changement est là, et ces cratères en témoignent à leur façon.


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