Etincelles libertaires du monde


Occupy, à Hongkong

2014 va lever l’ancre et l’on entend toujours l’écho des mêmes âneries sur la jeunesse (qui représente l’avenir, mesdames, messieurs les seniors). Avez-vous entendu l’écho du mouvement Occupy ? Celui qu’on entendait d’Espagne, des Etats-Unis ? Et qui se fait entendre en ce moment au.. Nigeria, en Turquie, au Brésil, en Bosnie, à Hongkong ? Et nous ne parlons pas de Sievens, de Roybon et autres lieux où sont postés des Zadistes.

On aime voir le début de ce mouvement rebelle entre Hongkong et New York avec l’occupation de la banque HSBC dans l’ancienne colonie anglaise. Pourtant, c’est en Tunisie qu’il est né avant de traverser la mer pour la Grèce et l’Espagne, selon D. Graeber et Y. Hui (1). Mais comme souvent, le passage américain mondialise l’écho. Dont on a vite pensé qu’il serait une éruption de plus qui s’éteindrait comme le feu de paille de 1848. Grave erreur !

Les historiens retiendront-ils 2011 comme une année « révolutionnaire«  (si on s’accorde sur le fait qu’une révolution est la transformation d’un sens politique commun) ? Durant les 10 mois d’occupation à partir d’octobre 2011 à Hongkong, les contestataires sèment le doute, puis relancent le mouvement en 2013 pour demander le suffrage universel dans la désignation du chef politique hongkongais en 2017. 50 000 manifestants protestent contre Pékin en s’exposant aux brutalités de la répression. Le mouvement gagne du terrain, la police se démène avec les triades. Mais rien n’y fait.

Pourquoi cette contestation tient-elle ? Parce qu’elle est politique ? Ou liée aux choix de Hongkong adoptant le libre-échange dans les années 1970 à la base du miracle économique ? Un « autoritarisme de marché », un embourgeoisement, une ville devenue un vaste centre de shopping de luxe ? Avec comme coût, des jeunes devant se contenter de logements de misère, accepter la corruption… Plus d’un million d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté : que fait le gouvernement dirigé par la marionnette Leung Chun-Ying à la solde de Pékin ? Pourquoi tolérer qu’1% de la population accumule les richesses et le pouvoir ?

Sur le plan géopolitique, c’est le même constat à Istanbul, Sao Paulo, Tuzla (Bosnie). L’idée est d’ébranler les pouvoirs de l’extérieur, par des assemblées démocratiques improvisées sur les places comme Tahir au Caire, Syntagma à Athènse, Zuccotti à New York, ou au Chiapas. Des agitateurs venant des extrêmes, droites au gauche, brouillent les messages. Mais même si les mouvements sont dans l’impasse, ils n’en paraissent pas moins des protestations contre ce que D. Graeber et Y. Hui appellent la « gouvernance néo-libérale autoritaire ». Le cauchemar n’est pas terminé pour les nouveaux maîtres de Hongkong.

Et on parierait que cette étincelle chinoise se déplace ailleurs dans le monde, assurant dans les pays jeunes et de mieux en mieux éduqués, cette rumeur d’une liberté réclamant son nom contre l’économie libérale.2014 est assurément une étape qui a nourri la rumeur…

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(1) Le mouvement Occupy se mondialise, « Le Monde » 14 octobre 2014.

 

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