Le régime chinois n’aime pas les idées occidentales


La montée de la Chine dans le jeu géopolitique mondial  va ressembler à un examen de conscience pour les Occidentaux. Car il se construit une nouvelle géographie des idées issue du bras de fer Chine/Etats-Unis-Europe. Charles Vally raconte (1) que le ministre chinois de l’Education, Yuan Guiren, a réuni fin janvier les responsables des universités chinoises : « Les manuels qui prônent les valeurs occidentales doivent être bannis de nos classes (…). Les institutions académiques doivent faire en sorte que les idées du président Xi Jinping pénètrent dans le matériel pédagogique, dans les salles de classes et dans les têtes ».

Cette « sortie » s’est reproduite le 2 février dans le journal du PC, Qiushi (« Chercher la vérité« ) demandant que les jeunes professeurs ne soient pas la cible de tentatives d’infiltration ennemies. Est-ce un retour sur la première tâche des universités qui est l’enseignement au détriment de la recherche ? Le Politburo a été convoqué par Xi Jinping pour travailler sur le matérialisme dialectique.

Nombreux sont les Chinois inquiets de ces propos qui pourraient annihiler les dernières décennies de réforme. On pense encore qu’il est trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un vrai virage ou d’une opération politique pour consolider le pouvoir en place que certains trouvent si fragiles qu’il n’a plus confiance en ses élites intellectuelles. L’historien américain Roderick MacFarquhar évoque la perception de deux menaces : à l’intérieur, la corruption, à l’extérieur, les « mauvaises idées de l’Occident » contre lesquelles il faudrait bâtir une nouvelle Muraille « numérique » difficile à imaginer, tant les chercheurs chinois doivent leur manière de penser à ce qu’ils ont appris à l’étranger.

On a même pu lire Shen Kui, juriste de l’université de Pékin sur son blog qui se demande « si l’internationalisme, le communisme, le matérialisme dialectique et historique n’étaient pas justement des valeurs importées de l’Occident. »

En une: Fudan University (Shanghai). Mais alors que faire du classement de Shanghai ?

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(1) Libération, 4 mars 2015

 

 

 

 

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