La domination scolaire d’Ugo Palheta met les pieds dans le plat de la gauche. Et Vincent Peillon est invité à table. De préférence dans les lycées professionnels pour y constater les dégâts de la relégation par le bac professionnel installé par les socialistes en 1985. Pourquoi un tel échec ? A-t-on péché par optimisme, par orgueil ? Comment croire qu’on peut bousculer la hiérarchie sociale, en imposant des « objectifs », des « quotas », des zonages si rien ne marche et tout empire ?
Le géographe C. Raffestin pense que le pouvoir n’est ni « possédé ni acquis mais purement et simplement exercé ». L’objet du pouvoir, c’est la population et ses territoires. Pour lui, la population est « à l’origine de tous les pouvoirs », publics ou privés. On peut donc fabriquer des environnements où l’homme pourra exercer le pouvoir de manière différentielle. Par exemple, en s’inscrivant dans le temps long pour tenter de modifier les propriétés de l’espace. D’où les quadrillages, les lieux de régulation des centralités et, inévitablement, des périphéries. Pour l’école, chaque échelon a son lieu de pouvoir : établissements pour les professeurs, classes pour les élèves, académies pour les chefs d’établissement et présidents d’université.
Au coeur des batailles, la lutte contre l’injustice scolaire passe donc par une remise en cause de l’exercice du pouvoir dont François Jarraud (dans un livre sur lequel nous reviendrons) détaille certains de ces leviers : apprentissages, jugement sur les élèves (notation, par exemple), relations parents-autorités, délégations des tutelles, contrats. L’échec de la carte scolaire, c’est l’échec d’une pensée paresseuse où les acteurs sont imaginés sans ressource ni contre-pouvoir. Grave erreur !
La géographie, ça sert (aussi) à dominer.
G.F.
François Jarraud, L’année de l’école, ESF Editeur, 2012
Ugo Palheta, La domination scolaire, PUF, 2012