Nos albums électroniques sont pleins de ces photos époustouflantes. La question que nous nous posons : Où est-ce ? Puis-je y aller ? Et si j’y allais, trouverais-je un photographe pour nous prendre en photo ?
Cette manière de voir le monde en ses beautés naturelles nous vient du protestantisme qui, ayant nettoyé les églises de tous les saints qui encombraient la foi, ont donné à la nature le statut de medium entre l’homme et Dieu. Les glaciers ont été regardés en Suisse par les Anglais (anglicans), amateurs d’interprétations rousseauistes, comme de « beaux » paysages. Alors qu’ils étaient perçus comme des chaos rocheux menaçants.
Les pays tropicaux ont pour les gens du Nord de la planète un stock d’images faciles à émouvoir : poissons, oiseaux et insectes, plantes à profusion, végétation endémique dans certaines îles comme Madagascar inspirent National Geographic depuis sa création.
Ici, ce rocher de 5 mètres carrés porte un nom : Kjeragbolten. Situé dans la montagne Kjerag en Rogaland, Norvège, il attire ceux que le vertige d’être à 984 mètres au-dessus du niveau du fjord n’impressionne pas. Il aurait pu être déposé lors de la dernière glaciation würmienne, il y a 50 000 ans, dans ce qui est tout simplement une crevasse.
Les amateurs de parapente et de parachute s’en donnent à coeur joie, renforçant cette fonction de la nature à aider l’homme à se mesurer. Qui suis-je, pour moi et aux yeux des autres, si je parviens à braver la peur et le vide ?
C’est ainsi qu’on fabrique des héros sur de vieilles montagnes gréseuses.
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Parfois, les héros sont des moutons