Les ultra-riches ont des culots proportionnels à l’idée qu’ils se font de leur immense personne. En attendant la délirante fondation Vuitton plantée en plein bois de Boulogne par le fuyard le plus célèbre de France, Bernard Arnault, ce sont les contribuables qui ont réglé une ardoise de 28, 4 millions d’euros dénoncée par la Cour des Comptes dans son récent rapport annuel.
Tout géographe saura calculer que 1500 mètres carrés à 19 000 euros pour qu’une vieille dame, 17 fois milliardaire, puisse immortaliser le nom de son mari sur un auditorium, c’est peut-être en ces temps de crise une somme indécente qui mérite une petite explication géopolitique.
Certes, la Cour des comptes dénonce cet achat comme une « décision non motivée, intervenue sans concertation » et un choix « juridiquement contestable » pris contre l’avis des Domaines et de l’Agence de participation de l’Etat. Maintenant qu’on sait, on fait quoi ? Se contenter des turpitudes de cette famille dans Paris Match ? Présenter la facture au majordome et exiger le paiement du déménagement de l’atelier de frappes de la Monnaie (qui a coûté cette fameuse bagatelle de 28,4 millions) ? Désigner les responsables de ce caprice, hélas connus, un ancien président de la République et son ministre du budget qui réussirent à faire plier la Monnaie de Paris pour céder en 2009 ce terrain quai Conti ?
Ils auraient bien tort de se gêner, les ultra-riches. Le monde leur appartient. Les frontières n’existent pas pour sauver les fruits de leur rapine et de leur radinerie. Nous payons leurs délires. Et nous devrions nous incliner sur leur génie des lieux ? Elle est où, la violence ?