Vous faites partie de l’humanité qui n’ira sans doute jamais en Tasmanie. Pourtant, cette île située à 240 kilomètres au sud de l’Australie est un cas de géographie tout à fait passionnant. État accosté par un certain Tasman en 1642, appartenant aujourd’hui à l’État fédéral australien, la Tasmanie possède un très riche environnement lié à l’endémisme : près de 40% du territoire est classé en réserves naturelles, dont une partie par l’UNESCO au titre du patrimoine mondial.
Si vous souhaitez plonger dans les forêts de Tasmanie, Daniel Nettheim a monté un polar qui fait de vous un cryptozoologue, c’est-à-dire quelqu’un qui part traquer les animaux inconnus ou que la science a oubliés. Dans la peau d’un chasseur, vous traquez le thylacine, un loup (à ne pas confondre avec le diable de Tasmanie, un marsupial aux allures d’ourson) qui intriguait des scientifiques canadiens. L’espèce est rarissime et ne subsisterait que dans ce bout du monde.
Le film est bâti comme un polar qui cherche à savoir qui est l’universitaire nord-américain, chasseur de son état, derrière lequel se cache sans doute un aventurier, un écologiste et, peut-être même, un de ces mercenaires qui œuvrent pour les cartels de biotechnologies ? Car il faudrait mettre la main sur une toxine sécrétée par ce thylacine (appelé aussi parfois tigre de Tasmanie) dont l’ADN est une bénédiction pour concocter des armes nouvelles.
Ce film n’est pas un film d’action, en dépit de son affiche un peu guerrière. Mais plutôt un polar humaniste, fantastique par moments, voire contemplatif. Servi par le charisme de Willem Dafoe, ce film aurait mérité d’être en salles. Et il aurait eu sa place à côté des Jeremiah Johnson, Into the Wild, Aguirre ou Apocalypto.
Il est une occasion unique de pratiquer l’aphorisme des Modernes : « Voyager, c’est lire, lire c’est voyager » en se régalant d’images qui nous donnent à voir un monde aussi fantastique que notre imagination en produit.
Le Chasseur / The hunter, Daniel Nettheim, Australie 2011, DVD Metropolitan