Vous pestez contre le printemps qui ne vient pas ? Eh bien, surfez sur le web à la recherche de ces fêtes païennes d’équinoxe de printemps. Vous y verrez qu’on n’attend pas le beau temps pour « lancer le disque », en allemand Schieweschlawe (ou Schiewackefier) puisque c’est la nuit qu’on prétend chasser les mauvais esprits des ténèbres. Et qu’on espère la prospérité. Le disque lancé, c’est le symbole du soleil…
Il nous reste à croire que le lancer a bien eu lieu dans les villages de ce canton européen borné par le sud de l’Allemagne, la Suisse alémanique et le nord de l’Alsace. De préférence dans des villages des collines pré-vosgiennes jusqu’en Forêt Noire.
C’est quoi ce lancer de disque ? Une baguette souple de châtaigner au bout de laquelle est fixée un petit disque en bois de hêtre, ajouré au centre. Plongé dans un brasier, le disque commence à prendre feu, le lanceur l’en retire, décrit des arabesques de feu dans l’air nocturne, frappe le disque sur un tremplin. La rondelle de bois se détache de la baguette et finit sa trajectoire dans le ciel.
Depuis la domestication du feu il y a 1,4 million d’années au Kenya, toutes les sociétés se battent contre les ténèbres et veulent conjurer les mauvais sorts que porte la nuit. Il est réconfortant que, dans nos sociétés rationalistes, subsiste la mémoire de ce qui passionnait les humains avant l’électricité.
D’autres lieux qui racontent ces étranges fêtes.
« Que dit la nuit au jour ? », La Vie, 11 avril, 2013