Comme chaque année, Pise fêtait son saint patron, Rainier (Ranieri) pendant deux jours, les dimanche et lundi 16 et 17 juin derniers. Mais elle ne le fêtait pas n’importe comment: tous les bâtiments situés le long de l’Arno, ce fleuve qui baigne aussi Florence, la glorieuse rivale de Pise, illuminait leurs façades de milliers de chandelles (lampadine) accrochées à des structures en bois elles-mêmes fixées aux façades des palais. Le résultat est saisissant: une plongée dans ce que les villes pouvaient être avant l’arrivée de l’éclairage électrique, avec une petite touche nostalgique pour le côté féérique et exceptionnel de l’événement.
Dans la pénombre des lungarni, ces voies qui longent l’Arno, libérées de tout trafic, une foule très familiale et bon enfant défilait tranquillement, en dégustant toutes sortes de friandises dont les brigidini, des sortes d’hosties géantes à l’anis, tout en attendant le célèbre feu d’artifice tiré du fleuve. Feu d’artifice prestigieux et grandiose en raison des reflets sur le fleuve… Et le lundi matin, messe solennelle dans la cathédrale et joute nautique le soir sur le fleuve.
Cette fête en réalité n’a rien d’original en Italie, même si elle a un certain lustre. Beaucoup de villes et bourgades fêtent leur saint local, ou n’importe quel autre prétexte pour se rappeler et rappeler aux autres que vivre ensemble signifie quelque chose, et qu’une ville n’est pas simplement une hiérarchie de fonction ou un noeud commercial important, mais d’abord une communauté structurées autour de valeurs partagées, sinon communes.
Ces moments sont encore préparés et vécus par les habitants eux-mêmes. Les habitants ne sont pas encore devenus de simples spectateurs d’événements préparés par des professionnels extérieurs. Cette différence est fondamentale car au-delà du bénévolat il y a aussi une ferme volonté de préparer un projet collectif.
La géographie (notamment Di Meo) s’intéresse aux fêtes depuis un certain temps déjà, tant il est vrai que les territoires de la fête en disent long sur nos rêves, nos attentes mais aussi nos rencoeurs et nos colères, parfois.