Comment l’homme vient-il sur la Terre ?


On lit, sur certains sites, que les vieilles frises dans les salles de classe étaient adaptées à nos apprentissages de la chronologie. Pourtant, dans mon école primaire, celle qui nous faisait venir du singe me laissait perplexe. Aujourd’hui, on apprend que la généalogie de notre espèce relève plus du buisson que de la branche. Pascal Picq, paléontologue au Collège de France, aime à dire que nos espèces « sont apparues et ont disparu, d’autres ont évolué vers des culs-de-sac, certaines ont fait des allers-retours intercontinentaux… C’est une mosaïque foisonnante qui a finalement conduit notre famille vers l’espèce unique que nous représentons ».
Comme on estime que seulement 5% du territoire africain a été fouillé et tamisé pour y trouver quelque fémur, dent ou crâne qui va délivrer un secret, on n’est pas au bout de nos surprises. Ceux qui manient la truelle sont les mêmes prospecteurs que ceux qui fouillent les astres à l’origine du big bang ou ce qui peut en tenir lieu. Comment tomber sur la bonne famille qui a inventé le feu, le langage et la bombe atomique ?
En Birmanie, Jean-Jacques Jaegger a interprété quatre molaires provenant d’un primate qui pourrait être notre ancêtre. Pourquoi passer dix tonnes de fossiles au tamis depuis le début du XXe siècle ? Pour notre paléontologue de l’université de Poitiers, l’anthropoïde qu’il a découvert aurait pesé une centaine de grammes, se serait nourri d’insectes. Sa cloison orbitale, ses yeux vers l’avant, sa mâchoire haute, tout cela nous met sur la piste de ce petit animal qui aurait colonisé l’Afrique à l’époque où la Téthys (plus large que la Méditerranée) séparait l’Europe de l’Afrique, en flottant sur des amas à la dérive…

Pour Jaegger, c’est un hasard peu imaginable, puisque sur 45 000 mammifères, deux familles passent, les rongeurs et les primates. Cette géographie connait beaucoup d’impasses, d’extinctions. Toumaï serait revenue d’un groupe ayant migré plus loin et son isolement génétique propice à une évolution ver l’australopithèque. Un vieillard de 7 millions d’années, proche de nous par son émail dentaire, ses crocs, une face courte et un trou occipital avancé, montrant qu’il se tenait debout.

Puis, pense-t-on, tout serait allé très vite. P. Molga (1) explique qu’un des australopithèques, cousin de Lucy, se serait individualisé. Sans pouvoir vraiment certifier que l’espèce est à l’origine de notre lignée, et cela, malgré la bipédie, l’usure des dents… Certes, la survie impose la vie en groupe, l’organisation, la communication, les outils. Le cerveau double de taille entre les primates et Homo erectus. Sapiens conquiert, depuis sa sortie d’Afrique il y a 70 000 ans, à raison de quelques kilomètres par an. Des « connexions inter-neuronales sont passées de 250 millions à 1 million de milliards. Suffisamment pour nous donner à penser à autre chose qu’à seulement survivre. »

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(1) Source : P. Molga, Les Echos, 8 août 2013

 

L’homme, espèce finie ?

C’est une des polémiques les plus régulièrement à l’ordre du jour en anthropologie : elle oppose les darwinistes, qui pensent que l’homme, pour qui la sélection naturelle n’a plus de pertinence, a atteint son plateau d’évolution, aux tenants d’un principe d’évolution sans limites, qui trouve aujourd’hui sa source dans les contraintes que l’homme a fait naître pour lui-même. Au début de la décennie, un groupe de chercheurs de l’université de l’Utah a ravivé le débat en traquant les infimes variations de l’ADN humain dans le patrimoine génétique de 270 personnes, Chinois, Japonais, Nigérians et Nord-Européens. Résultat : au moins 7 % des gènes ont évolué durant les 5.000 dernières années. Selon ces travaux, les humains auraient évolué 100 fois plus vite au cours des 10.000 dernières années que durant toutes les périodes précédentes depuis leur divergence des singes. Si l’évolution avait été aussi rapide dès le départ, la différence entre les deux espèces aurait pu être 160 fois plus importante que ce qu’elle est aujourd’hui, selon les simulations informatiques. Ces nouvelles adaptations (plus de 2.000 recensées à ce jour) ne sont pas limitées aux caractéristiques des groupes ethniques (couleur de la peau ou forme des yeux), mais affectent tous les éléments déterminant le fonctionnement du corps humain, du cerveau à l’immunité.

PAUL MOLGA

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