La nourriture nous permet de nous maintenir en vie. Cette constatation banale est pourtant d’une extrême importance, même si elle est oubliée en ces temps d’abondance alimentaire inédite.
De ce fait, tous les instruments qui permettent de produire nos aliments peuvent acquérir une valeur rituelle importante. C’est le cas ici de ce couteau à igname.
Dans sa pièce Téa Kanaké retraçant les origines mythiques du peuple kanak et représentée à Mélanésia 2000, Jean-Marie Tjibaou définit ainsi l’igname :
« Toute chargée de symbole, l’igname a une valeur culturelle : offrande noble, symbole de virilité, de l’honneur. L’igname offerte à l’autel symbolise tout le pays avec les chefs, les vieux, les ancêtres, les enfants et tout ce qui fait vivre cette contrée. L’igname accompagnée de la monnaie de cordelettes, de coquillages, de la natte et de la jupe de fibres constitue l’essentiel des richesses échangées pour un mariage ou un deuil et qui scelle l’alliance entre les clans. »
Autrement dit, la nourriture représente bien plus qu’un simple aliment. Si l’on songe au blé en Europe, on peut comprendre ce que l’igname peut représenter pour les Kanaks.
Couteau rituel pour couper les ignames. Nommé à Houaïlou « Jirhara ». Une réplique minuscule se conserve dans le panier du trésor. Bois sculpté et gravé, 28,5 x 5 x 0,9 cm, 43 g, Houailou
© musée du quai Branly, photo Claude Germain