Les photographies de Hugo Aveta proposées à Photoquai sont prises à partir de décors, éclairés et mis en scène de manière bien spécifique. Comme le dit le texte de présentation du quai Branly: « Dans une atmosphère qui évoque autant le cinéma d’horreur que la peinture baroque, ces espaces, vidés de toute présence humaine mais peuplés par les lumières et les ombres, sont le théâtre d’un récit aux accents dramatiques ».
Originaire de Cordoba, Aveta développe donc une photographie profondément argentine dans la mesure où ses images portent la trace d’un passé récent « qui ne passe pas ». Celui de la dictature, avec ses piles de paperasse oubliées mais toujours chargées des disparitions comptées par milliers, celui aussi d’une économie malmenée depuis un siècle, pays pris de soubresauts multiples, de guerres, de conflits sociaux qui se traduisent par des paysages abandonnés, des friches et des ruines inquiétantes qui renvoient soit à un passé industriel plus facile, soit à des occasions manquées d’apaisement.
Les lumières, crépusculaires, donnent une impression de monumentalité, mais aussi de fin du monde programmée, ou déjà entamée puis inachevée. L’incertitude prévaut pour le spectateur.
La question « où sommes-nous? » revient comme un leitmotiv. Décor pour des repaires de malfaiteurs, ravisseurs d’otages politiques ou économiques, ultime refuge pour des criminels ou habitations de fortune pour des rescapés digne de la célèbre bande dessinée argentine l’Éternaute, tout cela sème le trouble et inquiète.
Mais admettons que notre époque est riche en décors de ce type, décors de la déréliction et de l’abandon. Son travail peut faire penser, par ses aspects mémoriels, à celui d’un Christian Boltanski.
Série SOMA, le temps habite
2008, Tirage sur papier Baryta 315 gr. Impression Inkjet HP
Dimensions du tirage : 80 x 120 cm
Hugo Aveta © musée du quai Branly
En 2013, les Résidences de Photoquai sont réalisées avec le soutien de la Fondation d’entreprise Total.