Le culte des ancêtres fait sans doute partie des plus anciennes pratiques religieuses connues. La conscience de s’inscrire dans une lignée, le fait de rendre hommage à ses ascendants, et la part surnaturelle que l’on peut leur accorder forment le cœur d’une démarche sacrée que l’on retrouve à peu près dans toutes les cultures, de manière plus ou moins élaborée. Les reliques dans les églises, les petits autels dans les restaurants chinois, les mausolées musulmans, les rituels du retournement des morts à Madagascar, tout cela s’inscrit dans une logique de révérence à l’égard des ancêtres, les « antenati » comme disent les Italiens, « ceux qui sont nés avant », littéralement.
Ces trois chambranles de porte de maison commune kanak représentent des ancêtres remarquables. Ce sont donc de « grands » ancêtres, des personnages au statut éminent. Leur majesté s’exprime dans ces sculptures de bois très imposantes, qui vous tancent et vous scrutent à l’entrée de l’exposition. Presque intimidantes, elles consentent à vous laisser passer mais vous remettent à votre place.
Ces ancêtres sont donc littéralement des piliers, des soutiens et des références pour la communauté qui les entretient dans leur mémoire. Ils sont des sources pour tous, une sorte de refuge aussi. Gardiens et protecteurs, ils le sont au propre et au figuré…
La sobriété d’exécution, la simplicité des motifs et l’aspect hiératique donne à l’ensemble une force remarquable.
Musée du quai Branly. Exposition temporaire : « Kanak, l’art est une parole ».
Du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014.
Cette exposition, la plus importante réalisée depuis ces 20 dernières années sur la culture kanak, rassemble plus de 300 œuvres et documents exceptionnels issus de collections publiques d’Europe et de Nouvelle-Calédonie. Elle dévoile de nombreuses pièces inédites et spectaculaires parmi les grandes œuvres classiques du monde de l’art kanak. Commissaires : Emmanuel Kasarhérou, chargé de mission à l’Outre-mer au musée du quai Branly, ancien directeur de l’Agence du Développement de la Culture Kanak et du Centre Culturel Tjibaou en Nouvelle-Calédonie et Roger Boulay, ethnologue, spécialiste de la culture océanienne
© musée du quai Branly, photo Gautier Deblonde