Un « froid polaire » s’abat sur les États-Unis. Une nouveauté? Non, confie au Monde le climatologue Christophe Cassou. C’est un phénomène parfaitement naturel, lié au déplacement des grands flux d’air situés en haute altitude dans l’atmosphère terrestre.
Et comme conclue Ch. Cassou à la question d’Audrey Garric: « Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur le vortex polaire ?
Sous l’effet du changement climatique, les latitudes polaires se réchauffent plus vite que les latitudes moyennes (Europe ou États-Unis par exemple). Les différences de températures entre l’Arctique et les latitudes moyennes vont donc diminuer, ce qui devrait affaiblir le vortex polaire. Sous l’effet de ce réchauffement, le vortex devrait également remonter un peu vers le Nord. La probabilité d’une vague de froid due à une oscillation du vortex, comme celle que connaissent les États-Unis, sera donc en théorie plus faible.
Mais dans le même temps, si le vortex polaire s’affaiblit d’ici la fin du siècle, il pourrait également laisser passer de petites descentes d’air arctique vers le sud. Au final, il n’y a pas de consensus scientifique sur la question. »
Donc, en clair: nous n’en savons rien... Dans tous les cas, le malheur des Etats-Unis fait le bonheur de l’Europe car l’hiver plutôt doux par chez nous est l’effet de ces oscillations de flux aériens de haute altitude.
Mais le temps de la terre n’est pas le temps des hommes. Tandis que l’actualité traite toujours un peu de la même façon ces aléas climatiques, c’est à dire de manière sensationnaliste, il faut bien admettre qu’à l’échelle de la Terre, ce sont presque de non-événements. Comme des populations impliquées dans une éruption volcanique ont l’impression de vivre la fin du monde, à côté la vie continue comme si de rien n’était. Injustice de la nature ? Pas du tout, mais nous avons fâcheusement tendance à voir les choses par le petit bout de la lorgnette.
La géographie permet de prendre de la distance, en l’occurrence de nuancer et de relativiser la gravité de certains événements. Et une fois de plus, la fragilité des sociétés dites « développées » face à ces aléas est frappante. Notre mémoire est très courte puisque les enregistrements remontent rarement à plus d’un siècle. Or, la terre compte en millions d’années. Le climat change en dizaines et surtout en centaines et en milliers d’années…
Sommes-nous capables de nous projeter dans 100 000 ans? Bien sûr que non, nous voyons péniblement à un siècle de distance pour le climat, mais reconnaissons que le pas de temps actuel est celui de la Phynance, comme aurait dit le Père Ubu d’Alfred Jarry. C’est un temps extrêmement court, lié à celui des machines informatiques. Aligner le temps humain et celui de la planète sur ce temps machinique nous fait commettre de nombreuses erreurs d’appréciation.
Si seulement nous dirigions le climat, ou au moins si nous pouvions influer sur lui ! Certains ingénieurs un peu fous caressent ce projet. Pour le moment, nous ne pouvons qu’espérer ne pas avoir à trop pâtir du temps. C’est plus modeste…
Ci-dessus: New York sous la neige et la glace (source: http://www.24heures.ch)