Pas un monument historique n’y échappe : les inscriptions avec graffitis, coeurs, prénoms, dates, tout est bon pour marquer son passage, sinon son territoire à un moment ou un autre. La mode est aujourd’hui aux cadenas d’amour. Depuis le début des années 2000, dans les grandes villes comme Moscou, Londres, New York et… Paris, ceux qui s’aiment se lient l’un à l’autre avec ce cadenas symbolique dont ils jettent les clés dans les fleuves et les rivières…
A Paris, le phénomène a touché le Pont des Arts entre le Louvre et la rive gauche, puis le Pont de l’Archevêché et plus récemment la passerelle Léopold Sédar Senghor, voire le canal Saint-Martin.. Des grillages et rembardes ploient sous le poids des cadenas dont le nombre pour Paris est estimé à 700 000.
Deux Franco-Américaines, Lisa Taylor-Huff et Lisa Anselmo, pestent contre cette intrusion du privé dans la sphère publique et lancent une pétition qui a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures sur un site dédié pour demander à la Mairie que soit fait barrage à ces pratiques.
La Mairie, pour l’instant, temporise avec l’image d’une ville qui se veut « de l’amour », une ville « romantique » dont il faut préserver le capital. Pour l’instant, les services techniques remplacent les grillages qui menacent de casser mais on n’imagine pas aller jusqu’à sanctionner la pose de ces cadenas par une amende de 50 euros comme c’est le cas à Rome.
Marquer son territoire. Un besoin pressant de l’homme aujourd’hui mondialisé. Et qui, en fuyant le mariage de plus en plus délaissé, se créer d’autres rites d’égogéographie.
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ACTUALITE juin 2014
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Le pont des Arts va-t-il s’écrouler sous le poids des cadenas d’amour?
Par Aude Deraedt (Libération)
L’incident s’était produit dimanche en fin d’après-midi 9 juin. Quelque 2,40 mètres de grillage s’étaient effondrés sur la passerelle, sans faire de victime, selon la préfecture de police. La passerelle avait été immédiatement évacuée et fermée.
Un architecte de la préfecture de police et des responsables de la mairie de Paris se sont rendus sur place.
La passerelle des Arts, qui enjambe la Seine au niveau du Louvre et offre l’une des plus jolies vues du centre de Paris, est recouverte de milliers de «cadenas d’amour» que des couples du monde entier viennent fixer le long du parapet pour sceller leur union, avant de jeter la clé dans la Seine.
Ce phénomène polémique fait aujourd’hui partie des attractions touristiques de la «ville lumière». Il inquiète la mairie qui cherche «des alternatives à la fois artistiques, solidaires et écologiques» à cet engouement qui pose des «problèmes de sécurité et d’esthétique».