Ci-dessus: un champ de cannabis au Maroc. Source: Sensiseeds
Fumer du cannabis en France, quoi de plus simple? C’est ce qui ressort d’un article paru dans le Monde édition du 11 mai. Et les habitudes de consommation changent, car dorénavant l’acheteur veut de plus en plus du local: il y a ceux qui achètent à des connaissances pour moins cher, ceux qui s’approvisionnent chez des amis, ceux enfin qui veulent échapper aux dealers des cités et trouver une meilleure qualité.
Comme le montre la carte ci-contre, ce sont surtout l’île de France, et les deux régions méditerranéennes qui sont en demande. Et face à la production « classique » de résine marocaine, des alternatives plus locales se structurent. Comme le disent les auteurs des articles, avec un investissement de 500 à 600 € on peut espérer un revenu, pour 10 m² de culture, d’environ 50 000 € par an, ce qui n’est pas rien…
On estime que le marché français de cannabis est l’un des plus florissant d’Europe, et le pays est l’un des plus grands consommateurs. Mais pour faire face à cette demande, le marché, justement, s’adapte, et ce qui était au auparavant une « culture du placard » devient un phénomène de masse, toujours illicite, mais largement répandu. Il faut dire que le cannabis est une plante très adaptable, qui peut pousser sous de nombreuses latitudes, comme on peut le voir ici:
On voit assez clairement que la France est particulièrement bien placée pour la culture d’une plante qui fait partie depuis assez peu de temps des drogues consommées en Europe. Et comme on peut le lire dans l’article, « Aujourd’hui, l’heure est à la diversification. » C’est classique en économie. Le marché est arrivé à maturité, nous sommes entrés dans une phase de création de niches et de montée en gamme « , explique Michel Gandilhon, spécialiste de l’offre à l’OFDT. Diverses qualités de résine, d’herbe aussi, produits de synthèse, il en faut pour tous les goûts. Avec pour conséquence une hausse de la teneur en principe actif, le THC, qui inquiète. Selon l’Institut national de la police scientifique, en 2013, le taux de concentration moyen était de 17 % pour la résine, et 12,5 % pour l’herbe. Contre 7 % à 8 % il y a dix ans. »
En somme, une banalisation du marché, malgré l’interdiction de consommer cette drogue. Y-a-t-il hypocrisie de la part des autorités françaises? L’alcool et le tabac font certainement bien plus de ravages, et pourtant on ne les interdit pas. Le chanvre, dont fait partie le cannabis utilisé comme drogue, est cultivé depuis la préhistoire, mais son usage actuel remonte aux années 1950 aux États-Unis (une fois n’est pas coutume), à travers les acteurs de la Beat Generation qui en font un instrument de contestation de la société mainstream. Le mouvement hippie passé outre-Atlantique répand cet usage, mais alors que l’herbe fumée aux US provient d’Amérique (Pérou, Bolivie), c’est surtout du Maroc que provient le cannabis fumé à présent.
Un petit tour sur le web fait ressortir une abondante cartographie sur le cannabis, car le sujet a ses passionnés et ses défenseurs systématiques, sans doute en raison, justement, de son aspect « contre-culturel ». Mais cela alimente aussi des trafics moins glorieux, un peu en contradiction avec l’idéal de liberté et d’indépendance prôné par ses défenseurs. Une autre carte, toujours tirée d’un rapport de l’ONU, montre l’étendue du trafic et l’ampleur des saisies effectuées:
Reste que la France innove en fonction d’un marché qui reste très lucratif. Là aussi, le local et le global se rencontrent…
Une réponse à “Culture du cannabis: la tendance est au local!”
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