Consommer français : une lubie née de la mondialisation


« Enfant de la mondialisation » comme il se définit, Benjamin Carle, journaliste de 26 ans (en 2014) a tenté un pari qui pourrait paraître absurde : vivre en ne consommant que des produits français. Certes Montebourg et son pull rayé était passé par là, mais pourquoi cette lubie ? Sinon pour avouer, un peu embarrassé, qu’il s’agit de réfléchir  à la « solidarité plus qu’à la politique« . Culpabiliser ses compatriotes ne l’intéresse pas. Mais les faire réfléchir : oui. On se passera difficilement d’un téléphone fabriqué en Chine, puisqu’on n’en produit plus en France, mais du textile made in China,  jamais !

Pendant un an, l’exercice a été rude quand on aime les séries américaines, qu’on s’habille de vêtements de fabrication asiatique, qu’on cherche ses glaçons dans un réfrigérateur fabriqué de l’autre côté de la Méditerranée. Il a fallu se laver au savon de Marseille, se brosser les dents avec un outil produit à Beauvais, se raser avec un monolame qui vous arrache le cuir ! L’opinel a remplacé le coupe-ongles de fabrication chinoise. Et pour s’habiller, lafabriquehexagonale ou madeinfrance ont été d’un bon secours. Sauf pour le jean (un comble pour un pays qui a inventé la toile « de Nîmes » !).

Aller au travail est toute une aventure si on refuse de monter dans un bus de la RATP fabriqué en Allemagne, de louer un Vélib’ venant de Hongrie. Il a fallu fouiller les garages des salariés des Trente Glorieuses pour trouver une Mobylette 1979. On ne charriera pas Carle sur le pétrole qui n’est, certes, pas venu d’Aquitaine ni de Guyane…

Consommer français implique de refuser les nouvelles technologies : adieu la télévision, l’ordinateur, le téléphone. Et vive la débrouille ! Par exemple, le vieux téléphone Sagem  du début des années 2000 venant d’une usine bretonne fabriquant aujourd’hui des puces pour le matériel militaire. Et la tablette ? Carle a déniché une usine en Bourgogne, appartenant à la firme Qooq.

Le bilan ? Une réflexion sur l’emploi en France, ses pertes et la recomposition d’une nouvelle sphère productive. Benjamin Carle qui habite en 2014 le quartier (chinois) de Belleville à Paris a rouvert ses cartons et profite à nouveau de (presque) tout ce qui s’est imposé à notre insu par la mondialisation.

 

 


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