Football : le grand cirque mondial 2014 est terminé


Stade Maracana, Rio, Brésil, 2014

Enfin ! Enfin, le Mondial est terminé. Cette religion athlétique et ce culte de la performance, ces comptages stupides comme si 8 buts allaient « humilier » un pays, tout cela renvoie à un discours sur le foot qui ne devrait pas le présenter corrompu par les déviations, les dénaturations, les dérives dont il aurait été la victime. Car par le matraquage dans l’espace public, le foot-spectacle est consubstantiel de ces minables guerres en crampons, des haines identitaires, des nationalismes xénophobes.

Jean-Marie Brohm et Marc Perelman dans Le football, une peste émotionnelle (Gallimard) démontent avec une grande méticulosité les gains, les transferts, les avantages mirobolants des stars des pelouses promues « exemples pour la jeunesse » alors que les populations appelées à applaudir ont souvent des salaires de misère, sont victimes du chômage, de l’exclusion, de la précarité. C’est une réelle aliénation culturelle qui les pousse à applaudir ces nouveaux mercenaires comme les peuples de l’Empire romain « étaient conviés par le tyrans aux combats de gladiateurs ».

Dans l’espace public, le football-spectacle n’est pas qu’un jeu collectif, mais une « politique d’encadrement pulsionnel des foules, un moyen de contrôle social qui permet la résorption de l’individu dans la masse anonyme, c’est-à-dire le conformisme des automates ».

« Le football encensé ad nauseam par les idéologues postmodernes (les Pascal Boniface, Max Gallo, Christian Bromberger, Alain Ehrenberg) est aujourd’hui une véritable institution de la corruption, de la triche et de la combine. Avec une régularité métronomique, des affaires nauséabondes viennent rappeler aux abonnés de l’opium que le foot est devenu au fil des ans un milieu mafieux,  l’image d’ailleurs de nombreux autres sports professionnels ». Le marché des produits dopants est estimé à plusieurs milliards d’euros en Europe, y compris en Allemagne.

Les géographes devraient s’intéresser à des études architecturales sur la qualité de la lumière dans les stades, une lumière artificielle diffusée pour créer une source majeure d’émotions chez les spectateurs. Grâce à une structure de 3000 coussins gonflables sous pression derrière lesquels sont logés des tubes fluorescents de couleur rouge, bleue ou blanche, mais aussi vertes ou jaunes, les stades peuvent s’embraser à volonté. La densité des couleurs s’intensifie chaque fois qu’un but est marqué. Le terrain, considéré par les architectes comme une scène, est conçu aussi pour porter, avec l’agencement du stade, l’énergie du centre vers l’extérieur. « La meilleure perspective rendue possible, selon l’architecte Herzog qui décrit le stade de Munich, c’est l’inclinaison des gradins de 34 degrés et 66 000 places réparties réparties sur trois rangées dans un minimum d’espace ». L’architecture enferme l’espace par la lumière qui englobe joueurs et spectateurs. Mieux, pour Brohm et Perelman, « le spectacle n’est plus dans le stade mais du stade […], pas dans le rapport linéaire […] mais fondé sur la spectacularisation de la vision elle-même, celle qu’induit la lumière. […] En dehors de tout cet attirail, le football est devenu un prétexte. »

On ne dira rien des écrans, tout a été explicité pendant ce Mondial 2014. Un grand cirque, juste cela. Rien que cela.

 

 


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