Le suicide, une question géographique?


Si la première question que l’on se pose lorsque l’on est confronté au suicide est « pourquoi », on peut aussi se demander « où? » et « comment? ». Éreintante énigme que le suicide, qui concerne tout le monde car, malheureusement, qui n’a connu quelqu’un qui soit a tenté, soit a réussi à se suicider?

Le suicide est une réalité mondiale, mais qui connaît des variations spatiales. C’est donc une question géographique… Mais pourquoi se suicide-t-on plus ici que là? Le 10 septembre dernier, c’était la journée mondiale du suicide et plusieurs journaux, dont Le Monde ont publié sur ce sujet. Une carte accompagne l’article, qui permet en survolant l’image, de connaître les chiffres pays par pays.

L’article conclut en disant que l’OMS voudrait faire baisser de 10% le taux de suicide par an, considérant que « le suicide est évitable ». Certes, mais cette approche, purement quantitative, est en elle-même paradoxale, car si le suicide a pu être étudié par les sociologues (l’étude de Durkheim à ce propos est restée célèbre), celui-ci relève davantage d’une approche qualitative, au cas par cas. Si en France, ce sont préférentiellement les personnes âgées qui se suicident, il faudrait peut être alors s’interroger sur leur style de vie et surtout la place que la société leur réserve. L’Europe est au-dessus de la moyenne mondiale, ce qui remet en cause l’idée selon laquelle le niveau de vie résout les problèmes personnels. Cela se saurait…

En haut du sinistre palmarès, on trouve le Guyana, la Corée du Nord (et celle du sud), le Japon, la Russie, le Mozambique, la Lituanie, l’Inde, le Kazakhstan ou encore le Soudan du sud. Certains pays ont des taux anormalement bas, comme tous les pays du Maghreb et du Machrek. Mais c’est sans doute parce que le suicide n’est pas déclaré, car considéré comme un acte honteux. Cela fait donc « sortir du tableau » bien des pays.

On y trouve donc des pays où les conditions de vie peuvent être particulièrement difficiles, des pays qui ont connu ou connaissent encore la guerre, mais aussi des pays où les pressions, notamment socio-économiques, peuvent conduire au suicide. Ceci pour les causes « externes ». Mais il reste encore les causes internes, personnelles, intimes, qui échappent très largement à une causalité strictement médicale.

On en revient à l’énigme du suicide. Le récent suicide de Robin Williams, à ce propos, a suscité une curiosité un peu étrange. Dans tous les cas, le suicide reste tout de même une affaire éminemment personnelle, même si elle s’insère dans un tissu social qui fait du suicidé tout autre chose qu’un isolé indépendant de son contexte de vie. Certaines cultures posent un regard plutôt bienveillant sur le suicide, tandis que d’autres le réprouvent, notamment les trois religions monothéistes. En son temps (1982), le livre Suicide, mode d’emploi, avait fait scandale. Car au-delà des suicides même, il y a toutes les tentatives, beaucoup plus nombreuses.

Mais ces études peuvent aussi permettre d’entrevoir des pays où il fait bon vivre et d’autres où survivre est déjà un exploit de tous les jours…

En une: l’un des personnages du film d’Abbas Kiarostami, le Goût de la Cerise, Palme d’Or à Cannes en 1997, qui explique comment il a pu éviter de se suicider.

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