On en parle à propos des élections sénatoriales: à quoi sert le Sénat? Le Petit Journal de Canal Plus s’en est fait des gorges chaudes, alors que le premier ministre Matteo Renzi est parvenu à faire supprimer le Sénat italien, mettant ainsi fin au bicaméralisme. La « chambre haute » est censée tempérer et atténuer les décisions de la chambre basse. Le Sénat est élu au suffrage indirect et représente les entités territoriales du pays tandis que les députés sont élus directement par le peuple.
Une carte permet de localiser les pays pratiquant le bicamérisme (en bleu) et le monocamérisme (en orange):
Le choix porte sur la valeur et l’importance accordée à la première chambre, la « chambre basse ». Dans le contexte français, De Gaulle avait voulu un parlement qui ne soit pas en quelque sorte livré à lui-même, et trop jaloux de ses prérogatives, ce qui avait posé de sérieux problèmes sous la quatrième République à cause des blocages engendrés par les débats sur la décolonisation. A cette époque, le Conseil de la République n’avait qu’un rôle consultatif… Dans ce contexte très particulier, la nécessité du bicaméralisme « réel » était acquise. Depuis, la société a évolué…
Pourtant, le palais du Luxembourg a vu souvent sa fonction remise en cause ou redéfinie… Construit par Marie de Médicis, il reste une demeure aristocratique jusque sous la Révolution où il devient un lieu politique à part entière. Il le restera jusqu’à nos jours, avec son lustre et ses fastes un peu ancien Régime… C’est sans doute ce qui crée le plus grand décalage avec le reste de la population aujourd’hui.
L’Italie a supprimé son Sénat (le mot veut dire, rappelons-le, « conseil des Anciens » dans la Rome antique, une assemblée très prestigieuse et un lieu décisionnel crucial sous la République), pour rendre plus fluide l’action parlementaire. Le Sénat français pondère certes les lois, mais son action politique est-elle déterminante? Conservateur presque par définition, son rôle se brouille à une époque où l’on est censé aller vers plus de sobriété pour l’État et plus de simplicité dans l’action publique. Il apparaît aussi comme un pré carré pour quelques privilégiés oublieux de leur rôle civique mais plutôt soucieux de leur carrière et de leurs avantages non négligeables en tant que sénateurs… Critiques populistes? La France a de vieilles institutions qui plongent leurs racines dans le passé révolutionnaire et monarchique. On ne les bouscule pas comme cela. Mais on peut les réinventer…
Cela fait-il partie des « blocages » français? Le pays ferait sans doute des économies, mais il perdrait aussi une représentation intéressante pour les territoires de la République et les différentes entités sociales du pays… Affaire à suivre donc.