Trop, sans doute trop de touristes. Mais comment le regretter quand soi-même on est un touriste ? Il reste alors les photos, les récits de voyage, l’attente de la basse-saison pour sentir un peu ce qu’est Thira, l’autre nom de Santorin.
Sentir ? Ou res-sentir quelque chose d’unique, puisqu’ici, sur cet archipel, on est dans le cratère d’un volcan envahi par la mer depuis l’explosion de 1470 av. J.-C. (On trouve tout ce que les guides jugent utile à cette adresse). Et en d’autres livres, car Santorin et ses éruptions volcaniques ont été racontées, analysées mille fois pour savoir ce qui s’est réellement passé. L’un des plaisirs est de se baigner à la saison fraîche dans des eaux chaudes rappelant qu’on est sur un site en activité car la rade est pleine de cônes éruptifs en activité. Un site grandiose tombant dans la mer avec ces étranges falaises d’un brun rougeâtre… Tout en haut, les cubes blancs de Thèra, l’antique Thira, capitale de l’île. Pour y accéder, l’escalier compte 597 marches ou alors comptez sur les mulets.
Si on échappe à la foule, il y a les villages blancs, les églises (souvent fermées) et les paysages. Les maisons ne sont pas d’à-côté, mais du-dessous ou du-dessus.
Les photos touchent au mythe. 362 coupoles byzantines bleues sur fond marin azur, coucher et lever de soleil sur les montagnes, salués parfois par des applaudissements. Une impression rétinienne restant à vie pour ceux qui ont le privilège de parcourir Santorin que personne ne parvient jamais à oublier.
Dans la partie nord de l’île, une autre ville moins importante que Thira, moins connue du touriste. Sa visite n’en est que plus attrayante. La vue sur la rade permet de voir la quasi-totalité du cratère, les cônes éruptifs. On peut y rêver de l’ensevelissement de l’Atlantide, siège d’une civilisation raffinée, telle que Platon l’a décrite ? Et dont Yves Gagnaire ( dans le Bulletin de la Société de géographie de Toulouse, n°275) note que Pierre Benoît fit un roman autour d’une héroïne, Antinéa, dont la beauté séduisit Saint-Avit et le capitaine Morhange.
Pour ne pas penser que Santorin est hors du temps, on y fait des rencontres improbables qui donnent un parfum d’éternité, un effet de sidération : comment ce couple homme-animal a-t-il pu résister aux assauts du temps ?
Une réponse à “Paysages mythiques (4) : Santorin”
Visite au chemin des Dames… de Santorin.
C’était un endroit charmant, aux senteurs printanières, qu’un calme serin baignait au détour d’un chemin ou l’herbe nouvelle gazonnait à merveille et convenait extraordinairement bien au pique-nique familial de cette belle journée. C’était au mois de juin, et la RD 18 serpentait gaiement dans la campagne décidément jolie. Ce fut une journée mémorable, inoubliable en tendresse, et beaucoup plus salutaire que celle d’un autre printemps, celui de 1917, tout aussi mémorable mais dont le souvenir restera bien éloigner du même sentiment.
C’est un peu cette pensée là qui me vient à l’esprit, outre bien sûr mes réflexions volcanologiques, lorsque négligemment étendu sur une chaise de paille à la terrasse d’un café d’Oia, je sirote tendrement un ouzo en contemplant les profondeurs de l’horizon de ce site exceptionnel et toute l’étendue de ce que fut ce merveilleux désastre.
Si l’on peut souvent constater que les extrêmes se touchent en restant séparer, on dirait cependant que dans certains cas elles se superposent.