Comme l’annonce le journal la Croix du 13 octobre 2015, un manuscrit extrêmement précieux a été classé par l’UNESCO « mémoire du monde », un label censé mettre en valeur des oeuvres rares et d’une exceptionnelle qualité. Ce document, daté de la deuxième moitié du VIIIe siècle, faisait partie des trésors de la cathédrale; elle avait appartenu à la bibliothèque du chapitre cathédral de Sainte-Cécile, et était devenu bien national sous la Révolution.
Cette mappemonde représente la Méditerranée et son pourtour, selon une figuration bien codifiée. Notons que le terme mappamundi renvoie primitivement à un tissu ou une toile peinte (mappa mundi) qui représente l’ensemble du monde connu, l’oecumène. Précisons d’emblée que personne parmi les lettrés et savants du Moyen Âge ne pensait que la Terre était plate. Cela fait partie des bêtises répétées depuis le XIXe siècle sur le Moyen Âge. En réalité, les débats ne portaient absolument pas sur la rotondité de la terre mais sur sa taille, l’habitabilité des antipodes et de la zone torride (c’est à dire intertropicale), ou encore sur la localisation du Paradis terrestre.
Cela étant dit, les mappemondes médiévales sont des documents fascinants car ils mêlent différents ordres de réalité: topographie, histoire sainte, ethnographie, hydrographie, cosmologie… Ces documents de grande taille souvent, réalisés avec un soin tout particulier, étaient des objets de science et de contemplation tout à la fois. Recueils des connaissances de l’époque, ils étaient des compilations foisonnantes, débordantes même d’informations. La fameuse forme « T dans l’O » correspond à une tri-partition des trois parties du monde connu: Europe, Afrique et Asie, séparées par la Méditerranée et la mer Noire.
Le manuscrit d’Albi est intéressant par son ancienneté et sa qualité. Puisse-t-il faire prendre conscience de l’intelligence de nos devanciers et de la profondeur de leur vision du monde, imprégnée par la lecture des textes bibliques mais aussi des auteurs anciens. Une exposition virtuelle de la BnF présente les mappemondes.
2 réponses à “La mappemonde d’Albi classée Mémoire du monde par l’UNESCO”
Si l’Unesco, à entrepris dès 1992 de s’intéresser à la « mémoire du monde », on ne peut effectivement que s’en féliciter, et merci de le souligner à l’occasion de cette nomination albigeoise. L’efficacité de cette initiative relative aux œuvres rares est donc bien réelle, et il serait bien souhaitable que cette démarche puisse être étendue à d’autres domaines de l’activité humaine, et plus particulièrement aux sciences qui s’évertuent à étudier l’histoire de notre planète. En effet, un pan entier de richesses d’enseignement à ce sujet est entrain de disparaitre. Les glaces sont en train de fondre emportant avec elle une véritable bibliothèque d’évènements historiques. Si d’aucuns ont vanté les pouvoirs mémoriels de l’eau liquide, je doute qu’ils puissent en l’occasion nous être d’une grande utilité. Il faut souligner l’importance de votre remarque concernant le pseudo retour à l’hypothèse d’une terre plate au Moyen âge. Des débats moyenâgeux sur ce point dont vous faites état, j’y ajouterais cependant celui de l’héliocentrisme, qui pour ma part aura été le point central des controverses à cette époque. D’ailleurs, je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui nous soyons sept milliards à être vraiment convaincu que c’est bien la terre qui tourne autour du soleil et pas l’inverse.
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