Le Mexique se shoote au Coca Cola


(Publicité de Coca pour les Africains, avec explication ici )

Tout n’a pas été dit sur le célèbre coke qui envahit le monde du sport et, notamment des JO devenus de grands cirques médiatiques à l’instar de ce que fut les jeux du Colisée à Rome pendant près de sept siècles (1). Cette entreprise qui se vante de faire boire plus de 18 000 canettes par seconde dans le monde piétine aussi le terrain de la recherche en offrant de l’argent à des thésards qui travaillent… sur le bonheur !

En fait de bonheur, les Mexicains devraient être servis, eux qui boivent plus de 480 canettes par personne et par an, ce qui représente 25 kilos de sucre (plus que les Américains !).  Une vraie drogue pour un peuple rendu assoiffé, sa terre nourricière souillée, sa santé compromise. Comment cela est-il possible ?

Des millions de mètres cubes d’eau sont utilisés pour produire la boisson et davantage pour rincer, chauffer et climatiser, ce qui revient à utiliser 2,5 litres d’eau pour fabriquer un litre de coca.  La firme a privatisé des sources qui appartenaient à des communautés autochtones, des aquifères entiers grâce à la complicité du gouvernement de Vicente Fox (2000-2006) qui était l’ancien président… de Coca Cola Mexique. Parmi les concessions d’eau acquises par Coca, huit lui permettent de jeter les déchets industriels dans les eaux publiques. Pour donner une idée, une seule usine peut utiliser plus de 100 millions de litres d’eau par an, soit la consommation de plus de 200 000 familles… dans un pays qui manque d’eau potable.

Grâce à une fondation, Coca est entré dans les campagnes, finançant des écoles, donnant des bourses aux étudiants, plaçant son logo partout, traduit parfois en maya. « Pourquoi boire de l’eau quand on a les moyens de s’offrir des boissons qui donnent plus d’énergie ? » peut-on lire ici ou là (2).  Dans certains villages, le coca est vendu moins cher qu’en ville. Les pratiques rituelles utilisent la boisson gazeuse.  Roter permet de chasser le mal, Coca ayant remplacé les boissons fermentées de jadis.

Le résultat ? Une flambée d’obésité avec 70% de Mexicains considérés comme gros, 7,5 millions de diabétiques (première cause de mortalité du pays). La FAO s’est alarmée : l’obésité est plus forte au Mexique qu’aux États-Unis, sans atteindre toutefois les niveaux du Koweit et de l’Arabie Saoudite.
Mais avec le surpoids, le Mexique est premier pays touché au monde par ce que l’OMS appelle une « épidémie« .

Le lobbying de Coca Cola est tel que rien n’avance. Les organismes de santé sont bloqués par des accords entre les industriels et l’Etat sur le retrait des aliments gras et sucrés dans les écoles. Pepsi et Coca depuis août 2013 font même partie des commissions nationales contre l’obésité.

La souillure du Mexique par Coca, ce sont les milliers de tonnes de déchets plastiques non recyclés, des bouteilles non biodégradables, presque indestructibles. Ce sont les boues toxiques issues des firmes d’embouteillages, pleines de métaux lourds cancérigènes.

Relisons Le Clézio (3)  :  « Au cours du mois de mars 1517 les ambassadeurs de Moctezuma, seigneur de Mexico-Tenochtitlan, accueillent le navire de Hernan Cortés en « mangeant la terre », selon le rituel de bienvenue réservé au dieu Quetzalcoatl, et cette rencontre initie l’une des plus terribles aventures du monde qui s’achève par l’abolition de la civilisation indienne du Mexique, de sa pensée, de sa foi, de son art, de son savoir, de ses lois » ( lien )

« Ainsi commence cette Histoire, par cette rencontre entre deux rêves : le rêve d’or des Espagnols, rêve dévorant, impitoyable, qui atteint parfois l’extrême de la cruauté ; rêve absolu, comme s’il s’agissait peut-être de tout autre chose que de posséder la richesse et la puissance, mais plutôt de se régénérer dans la violence et le sang, pour atteindre le mythe de l’Eldorado, où tout doit être éternellement nouveau. D’autre part, le rêve des Mexicains, rêve tant attendu, quand viennent de l’est, de l’autre côté de la mer, ces hommes barbus guidés par le Serpent à plumes Quetzacoatl, pour régner à nouveau sur eux. Alors, quand les deux rêves se rencontrent, et les deux peuples, tandis que l’un demande de l’or, les richesses, l’autre demande seulement un casque, afin de le montrer aux grands prêtres et au roi de Mexico, car, disent les Indiens, il ressemble à ceux que portaient leurs ancêtres, autrefois, avant de disparaître. Cortés donne le casque, mais il demande qu’on le lui rapporte plein d’or. […] La tragédie de cet affrontement est tout entière dans ce déséquilibre. C’est l’extermination d’un rêve ancien par la fureur d’un rêve moderne, la destruction des mythes par un désir de puissance. L’or, les armes modernes et la pensée rationnelle contre la magie et les dieux : l’issue ne pouvait pas être autre. »

Rien n’a cessé depuis cette première tragédie mexicaine. L’ALENA a été une gigantesque tromperie sur une conquête déguisée contre laquelle se lèvent les habitants du Chiapas.

Ailleurs dans le monde ?

Comptez que Coca poursuit sa prédation en Inde où les communautés tentent de préserver leur eau. EN Colombie, les affrontements font des mots. En Espagne, plus de mille ouvriers ont été licenciés et remplacés par 500 autres alors que les bénéfices atteignent près du milliard d’euros.

Coca a écrit en France au PDG de France 2 pour effacer le contrat publicitaire sur les chaines publiques, suite à un documentaire à charge diffusé en janvier 2013. Perte : 2 millions d’euros.

Conclusion de notre article source (1) : « Coca-cola est certainement la plus emblématique dans  cette entreprise de spoliation des richesses d’un pays. A son dernier slogan publicitaire :  » Merci de partager du bonheur »  répondons que si nous voulons bien partager du bonheur ce sera sans Coca-Cola car « ouvrir un Coca c’est ouvrir du malheur »…. (4).

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(1) Source : alternative21

(2) Le Monde, 23 août 2013

(3) Le Rêve mexicain ou la pensée interrompue, Gallimard.

(4) lire cet article qui fait le point sur tous les ingrédients dangereux pour la santé contenus dans les différents types de Coca Cola : « Selon le professeur Robert Lustig, boire deux cannettes de Coca-Cola revient à fumer deux paquets de clopes par jour. Le soda est aussi addictif que le tabac (comme lui, il dope la production de dopamine) et il réduit aussi l’espérance de vie d’environ vingt ans par le moyen d’attaques cardiaques, d’AVC, de diabète, de cancers, de démence (sans parler des rots et flatulences). »

Geographica a déjà publié sur Coca Cola et son enflure géographique


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