L’alimentation mondialisée dont Olivier De Schutter a fait le procès retentissant en décembre 2011 est devenue une telle plaie pour l’humanité qu’elle fait réfléchir à notre destin. Sommes-nous devenus des humains désignés comme cibles commerciales d’entreprises irresponsables ? Voulons-nous ressembler aux Américains dont la moitié de la population ne sait pas se dépêtrer des pathologies du surpoids ? Certes, Aristote pense bien qu’en économie, « la seule chose qui compte, c’est la chrématistique » (l’accumulation de la richesse pour la richesse, façon Arnault, et non comme moyen d’échange), il n’empêche.
Walden Bello, l’économiste philippin qui a inventé la démondialisation (et non pas Arnaud Montebourg), est très clair dans La fabrique de la famine (Carnets Nord-Editions Montparnasse). Le climat n’est pour rien dans la flambée des matières premières agricoles. C’est le modèle productiviste qui détruit l’agriculture paysanne et l’agronomie qu’elle pratiquait. Et pas qu’en France où les paysans n’ont pas trouvé mieux qu’un producteur d’agrocarburants pour diriger leur syndicat ! Bello décortique ce qui se passe au Mexique, aux Philippines, en Afrique, en Chine.
Une raison d’espérer ? Via Campesina, un mouvement paysan international dont on commence à comprendre et appliquer les arguments. Le rétropédalage sur les carburants est une bonne nouvelle. Il faut démondialiser ce bien commun de l’humanité qu’est la nourriture.
G.F.
Gilles Fumey vient de publier une nouvelle édition Géopolitique de l’alimentation. Préface de Luc Guyau, Sciences humaines, 2012.
Suivre l’événement majeur de Slow Food International : Terra Madre (Turin) fin octobre 2012.