Il est touchant de voir, ce 3 septembre, un président de la République et deux ministres, assis dans une salle de classe du collège Youri-Gagarine de Trappes (Yvelines). Sérieux comme les bons élèves qu’ils ont été, ils ont pris des notes devant l’équipe pédagogique de cet établissement classé en zone d’éducation prioritaire. Les caméras sont là pour le 20 heures. On parle de « passerelle« , de « contrat » pour « stabiliser » les équipes enseignantes et… de la tablette (« ne tombez pas dans l’illusion technologique » prévient le président).
Pourquoi une classe ? Ces lieux sanctuarisés depuis Jules Ferry ont reproduit les lieux d’enfermement mis en place à l’époque moderne pour les malades (hôpitaux), les criminels (prisons) et, sur le modèle des couvents, les enfants (qu’on voulait soustraire aux parents jugés piètres éducateurs). Ornée de frises chronologiques, vitrines, globes et cartes de « Vidal Lablache », elles ont été l’un des berceaux de la IIIe République. Depuis, les murs sont devenus poreux aux évolutions techniques et sociales (revoir le beau film Entre les murs). La révolution internet qui met le monde au bout des doigts tapant sur un smartphone va faire tomber le dernier pan.
Que veut dire cette photo de classe avec les huiles de la République ? Répondre à la question, c’est se demander où parler de l’école. Où est l’école ? Sous la statue du grand Jules aux Tuileries ? En ZEP ? Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne (réservé aux colloques et médailles du Concours général) ? Partout et nulle part. Parce que l’éducation n’est plus l’apanage de l’école. Et encore moins de la théâtrale salle de classe – disons-le, pourquoi pas – trop souvent profanée par la violence, l’incivisme, l’incompétence. Et dont les derniers murs, disent les élèves, suintent l’ennui.
Président, ministres, désanctuarisez les salles de classe !
2 réponses à “Désanctuarisons la salle de classe !”
Un peu vide cet article. Un géographe n’apporte pas forcément des réponses mais des problématiques. Ici je vois ni l’un ni l’autre.déçu
Votre jugement n’aurait de sens que si vous apportiez des réponses à votre déception. Un géographe est quelqu’un qui s’intéresse aux manières dont l’espace construit le regard. Vous confondez le géographe et le professeur dont l’un des outils est, effectivement, de problématiser les questions pour ses élèves. Ici, je ne suis pas professeur mais me pose des questions sur le sens de l’enfermement des élèves dans des espaces contraints alors qu’ils ont des outils pour apprendre qui pourraient les dispenser d’être enfermés. Voilà tout.