L’Arctique fond mais l’Antarctique n’a jamais connu autant de glace ! Tel est le paradoxe du réchauffement climatique au début du XXIe siècle.
Jamais depuis qu’on la mesure (une trentaine d’années), la banquise arctique n’a été aussi peu étendue avec moins de 3,5 millions de kilomètres carrés. Alors que sur l’autre pôle, la banquise hivernale de l’Antarctique ne cesse de s’étendre jusqu’à près de 20 millions de kilomètres carrés. Et un chiffre en croissance chaque hiver.
Pour l’océanographe Jean-Claude Gascard à l’université Pierre-et-Marie-Curie, interrogé par Sylvie Rouat (Sciences & Avenir, décembre 2012), les banquises hivernales progressent au nord comme au sud. Mais elles disparaissent presqu’entièrement à la fin de l’été à quelques gros glaçons près retranchés dans les baies. Cela, c’est la tendance générale.
Leur géographie explique cette bonne tenue hivernale. L’Antarctique est un continent froid cerné par la banquise alors que l’Arctique est un océan fermé de latitude boréale (entre 80 et 90° de latitude nord) qui subit un moindre rayonnement solaire.
En même temps, les océans Pacifique, Indien et Atlantique qui se réchauffent se font de plus en plus sentir dans ces régions froides. En revanche, l’hiver, l’Antarctique sous le trou de la couche d’ozone qui le prive de l’effet de serre fabrique plus de glace que l’Arctique, une glace qui alimente l’océan périphérique. Pour S. Rouat, un autre point commun : « la disparition des glaces pluriannuelles : une banquise qui survit l’été voit son épaisseur augmenter l’hiver suivant » et être plus résistante au dégel. La nouveauté du réchauffement climatique actuel est de faire diminuer la couche de ces glaces pluriannuelles arctiques dès le début de l’été.