Qui connaît en France cette petite ville de 2700 habitants (Puy-de-Dôme) ? Elle a une ressemblance avec la Gergovie gauloise pour avoir repoussé des légions étrangères. Pas celles de Jules César qui dut capituler lamentablement devant nos buveurs de cervoise au printemps 52 av. J.-C. Mais celles de la grande distribution qui ont harcelé un maire aussi pugnace que Vercingétorix et qui n’a jamais plié.

Je me suis amusé à enquêter sur ce que pouvait être une ville sans grande surface. Et à ma grande surprise, j’ai eu la possibilité de comparer deux villes de 2700 habitants chacune et distantes de dix kilomètres : Saint-Yorre (Allier), bien connue pour son eau pétillante, et Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme), moins sinon par son industrie du verre (anciennement une des usines du groupe BSN, puis Danone).

Aux municipales de 1977, les deux communes changent de maire. Des maires qui sont restés plus de trente ans aux manettes. Saint-Yorre a élu un communiste, Jésus Moran, Puy-Guillaume un socialiste, Michel Charasse. En pleine union de la gauche, ce sont deux destins municipaux très dissemblables qui se trament.

Trente quatre ans plus tard, on peut dresser un premier bilan. Je l’ai décortiqué dans un long reportage publié par Libération ce samedi 9 février. Michel Charasse m’a raconté, dans son bureau du Conseil constitutionnel, comment il a résisté à la grande distribution : des méthodes qui font froid dans le dos !

Comment en est-on arrivé à un désert commercial dans cette élégante petite ville de Saint-Yorre alors que Puy-Guillaume a su maintenir une qualité de vie capable d’attirer de la population, professeur de droit universitaire clermontois compris ?

Merci à Edouard Caupeil, photographe, de nous offrir une photo très « Depardon » de Saint-Yorre en réservant aux lecteurs de Libé la primeur de ces visages émouvants rencontrés dans ce fief auvergnat qui valait bien une distinction nationale. Un premier prix pour l’aménagement du territoire.