Nos campagnes sont devenues tristes à en mourir. L’agriculture productiviste en a chassé les animaux parqués dans de gigantesques camps de concentration que les Américains appellent les feed lots (ci-dessus). Un euphémisme qui ne dit pas la honte de ces univers impitoyables dans lequel on enferme les animaux. Les vaches en Europe ont subi le même enfermement. Sans qu’on y prenne garde.
La violence du système d’élevage est telle que les éleveurs ont prétexté les rixes et les blessures pour écorner les vaches. Avec un peu de mauvaise conscience pour les moins obtus d’entre eux : au salon de l’agriculture à Paris, les « belles vaches » avec leurs cornes en lyre (type Aubrac) sont systématiquement mises en valeur les week ends de grande affluence, tandis qu’on renvoie dans leurs stabulations les Prim’holstein, monstres aux pis atrophiés que les biologistes ont fabriqué pour atteindre des records de production laitière. Regardez à quoi s’amusent les productivistes de tous bords qui sévissent dans la Belle Province québécoise, heureux de « nominer » comme « plus belle vache du monde » (sic) un vrai monstre bionique.
Pourtant, le combat a commencé tôt aux États-Unis avec la création de Compassion in World Farming (CIWF) en 1967 par un éleveur laitier sensible au bien être animal. Son organisme propose des alternatives à l’élevage intensif viables et durables. Et veut lier le bien-être animal avec la santé publique, la sécurité alimentaire et les problématiques environnementales. Son travail est orienté vers des recommandations pour la science, grâce à des ingénieurs et des vétérinaires. CIWF a obtenu une reconnaissance de la sensibilité animale par les instances européennes depuis 1997, des meilleures conditions de vie pour les veaux de boucherie, la fin des cages de batteries productivistes pour les poules pondeuses et la promesse d’une amélioration des cases de gestation pour les truies.
En attendant le respect dû aux animaux, voici une photo de vache de race Aubrac, une race protégée qui a failli disparaître du fait de la sélection intensive des troupeaux dans les années 1960-70. Et une vidéo passionnante de CIWF qui donne une idée de ce que les animaux sont en droit d’attendre de nous.
L’espace géographique n’est pas la propriété de l’homme seul. Dans toutes les grandes religions et philosophies, on rappelle la globalité de la Création. On y insiste sur le fait que l’espace est partout à partager.
Les vaches savent aussi manier l’humour et nous offrir des leçons de géographie, même si la projection cartographique peut laisser à désirer sur cette pie-rouge à la tête un peu trop sombre pour être honnête. En attendant, merci les vaches !
Pour en savoir plus :
– la brochure du CIWF-France
– la présentation du cow movie Bovines de C. Gras
– l’hypocrisie des vétérinaires ici
– l’espace social des vaches par les cornes
Une réponse à “Pitié ! De l’espace pour les vaches”
[…] Une Primholstein (en Normandie). Un pis atrophié. Plus de cornes. Élevage en « stabulation » (traduction : quasi enfermée) https://geographica.net/2013/03/liberons-les-vaches/ […]