C’est la question posée par Jared Diamond qui commente à propos de Why Nations Fail (Crown, 2012) les 84 290 dollars de revenus par habitant en Norvège aux 170 dollars des Burundais. Une question vieille comme le monde, que cette richesse des nations…
Dans la New York Review of Books du 7 juin 2012, Diamond expose ses idées dont certaines sont déjà connues depuis Effondrement (Gallimard). Mais il soulève particulièrement la question des institutions politiques. Les frontières matérialisent parfaitement cette césure dans un même environnement (la marotte de Diamond) qui peut donner deux destins différents, comme c’est le cas si l’on met côte à côte le Mexique et les Etats-Unis.
Dans son argumentation, il y a la qualité des institutions qu’il corrèle avec leur ancienneté, la présence d’une agriculture riche, si elle est mise en rapport avec un Etat fort. ll incrimine les institutions « extractives » qu’il juge « perverses« . Et bien sûr, marronnier de la science économique, la « malédiction des ressources naturelles » tant la dépendance vis-à-vis de certaines ressources naturelles (le diamant, mais pas le fer) favorise la corruption et les guerres. Les cas africains sont nombreux. Mais on dira que certains hommes peuvent avoir le souci de l’intérêt général, comme le Cheih Zayed à Abu Dhabi qui a su bâtir une fédération politique émiratie, même si la participation d’une abondante population étrangère est nécessaire au succès économique du pays. L’Afrique, du reste, possède quelques Etats « honnêtes » (expression de Diamond) comme la Tanzanie d’aujourd’hui ou le Zimbabwe d’autrefois.
Comment surgissent les bonnes institutions ? Pas par le hasard ! Diamond explique que l’Europe s’est dotée d’institutions solides parce qu’elle a 4000 ans d’expérience de gouvernement dans des environnements porteurs comme les sols fertiles, l’insularité, les Etats… Toujours les mêmes faiblesses de raisonnement soulignées à la fin de mon article précédent où Diamond se faisait sérieusement sermonner par ses collègues anthropologues.
Sans avoir lu Pierre Gourou (Terres de bonne espérance, Plon), Diamond ressort le refrain des maladies tropicales et de la productivité agricole. L’insalubrité des tropiques est notoire et affaiblirait les populations. Oublie-t-il de dire comment les populations de la Méditerrannée ont dû s’accommoder du paludisme pendant des millénaires ? « La latitude est l’un des principaux éléments affectant la puissance, la prospérité et la pauvreté« .
Incorrigible Diamond qui nous ferait croire qu’il y a rien de nouveau sous le soleil depuis Montesquieu et Kant.
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Pour en savoir plus : l’article intégral de J. Diamond dans Books, n°42, p. 48.