Les villes nouvelles sont une vieille idée. Depuis la reconstruction de Milet par Hippodamos à partir de 479 avant notre ère, et dans mille autres cas où des villes existantes se sont étendues par la construction de satellites et, enfin, lorsqu’un pouvoir créé une nouvelle capitale, c’est bien un défi lancé au futur. Les villes sont les filles de leur époque.
L’Anglais Ebenezer Howard, simple ouvrier du livre, va aller plus loin avec la cité-jardin de Letchworth, au nord de Londres, au tout début du XXe siècle où les règles sont un bâti peu dense, un plan circulaire et un zonage d’activités agricoles et industrielles à l’extérieur. Beaucoup de géographes partagent l’idée que cette vision très rationaliste sera dénaturée par la construction de grands ensembles, minés par des problèmes sociaux qui ne relèvent pas de l’urbanisme utopique.
D’autres cas célèbres de villes nouvelles sont nées d’Etats souhaitant des capitales : Brasilia au Brésil, Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, Islamabad au Pakistan, Naypyidaw au Myanmar (ex-Birmanie). Qu’on apporté ces villes nouvelles à l’urbanisme d’aujourd’hui ? L’idée qu’il faut du temps pour bâtir une ville, non pas les bâtiments ni les infrastructures mais une société locale qui sera à la base des services. Des services aux jeunes avant que la population vieillisse… En outre, les constructions n’attirent pas toujours les populations qui rechignent parfois à déménager. Ainsi, en Chine, certaines villes ont de nouveaux quartiers inhabités. Mieux, la Chine a construit Kilamba en Angola, une ville faite pour accueillir 500 000 habitants, qui est… vide car les Angolais sont trop pauvres pour y habiter.
L’utopie urbaine a de l’avenir.
_______
Le site Largeurs donne une typologie de quatre villes nouvelles :
La nouvelle capitale
Sur mandat du premier ministre indien, Le Corbusier et son équipe créent en 1951 Chandigarh comme nouvelle capitale du Pendjab. Le modèle rationnel avec plan quadrillé et sept types de voies de circulation apparaît comme froid et peu indien, mais permet aujourd’hui une grande fluidité du trafic. Une partie des projets d’embellissements du Corbusier (arbres, plans d’eau) n’ont jamais été accomplis.
La ville satellite
Son site exceptionnel sur une boucle de l’Oise et l’investissement de ses concepteurs font de Cergy-Pontoise (1971) la plus réussie des cinq villes nouvelles d’Ile de France. Construite en quartiers-îlots très étalés, elle bénéficie d’une dynamique urbaine grâce à son bassin d’emplois, ses universités réputées, son centre-ville surélevé ainsi que l’Axe majeur, la plus grande œuvre d’art public au monde.
La ville industrie
En 1931, Ernst May dessine sur mandat de Staline un plan linéaire avec des rangées d’habitations séparées des unités de production par une ceinture verte. Son objectif: abriter les ouvriers de Magnitogorsk, alors la plus grande usine sidérurgique du monde. Le plan n’est pas respecté et la ville est aujourd’hui un désastre écologique et sanitaire.
L’utopie sociale
Auroville (1968) est une ville d’initiative privée, internationale, œcuménique et non matérialiste située à côté de Pondichéry en Inde. En échange de leur travail de construction, les trop rares habitants (2’200 sur les 50’000 prévus) sont nourris en commun et leurs besoins en éducation et santé sont couverts par Auroville.