Le 7 mai 2012, les Français s’étaient réveillés avec un roi qui porte le nom d’une province des Pays-Bas. On s’était alors inquiété de l’irruption d’un toponyme dans la liste des présidents français. Après un président au nom hongrois et avec une future candidate comme NKM dont le « K », Kosciusko, signale une référence polonaise, la France donc, a avalisé la diversité jusqu’au sommet. Certes, comme les Obama, les Sarko, Hollando et autres Koscisuko (qui n’est pas encore maire de Paris ni présidente mais qui y pense tous les matins en se brossant les dents), il faut un temps d’acclimatation en France, avoir eu un parent pauvre (comme Sarko), avoir fait allégeance au jury d’entrée à HEC et à l’ENA (comme Hollando), ou Polytechnique (comme Kosciusko).
Le cas Hollande est triplement intéressant pour les géographes. Car cette besogneuse province qui s’est construite par les moulins et les digues ayant repoussé la mer du Nord, a été française. Le royaume de Hollande fondé par Napoléon en 1806 avant d’être intégré à l’Empire était surtout une province fromagère qui se consomme essentiellement en ingrédient : gloire au gouda, à l’édam, au frison et au masaam !
Mais surtout, le cas Hollande est une histoire de migrants, fuyant les guerres de religion au XVIe siècle qui enflamment les Pays-Bas espagnols. La famille de François prend le nom de Hollande pour marquer son attachement à la terre qui l’accueille dans la région d’Arras. Ils font partie du petit peuple des valets de ferme, garde-moulins, coquetiers collectant de beurre (préfigurant les prélèvements fiscaux du descendant). Ils habitent Plouvain, un village effacé par un bombardement allemand en 1917 (est-ce l’origine de la sérieuse méfiance envers Angela M.?)
Enfin, la migration « hollandaise » vers le pouvoir suprême est passée par une étape normande (Rouen) et corrézienne (Tulle). L’étape limousine a été déterminante pour obtenir le sacre politique de la France profonde où Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac ont été baptisés en politique. Le Breton Bernard Poignant, maire de Quimper, avait sermonné notre président normand : «Un président n’est pas un Premier ministre. Il doit montrer aux Français qu’il a embrassé leur histoire et leur géographie.» (1)
Dans Libération (8 mai 2012), je rappelais que Hollande était un joli olé-olé de consonnes et de voyelles, contraction de «holt» «Land», le pays du bois (holt, hout, bois). Quelque chose qui sent le terroir, le velours côtelé et le clocher de la force tranquille mitterrandienne.
Reste à voir comment la France qui s’est faite à l’idée de ne plus se sentir chez elle aux Pays-Bas, comme Louis XIV et Napoléon l’ont cru, va adopter un président-toponyme. Julie, votre bouquet de tulipes est prêt ?
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(1) «Libération», 7 mai 2012
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