Lorsqu’on demandait à De Gaulle son avis sur les Pays-Bas dans l’Europe communautaire, il se pinçait sans rire sur la « monarchie à bicylette » de la reine Juliana. Comme chaque 1er mai, ils seront nombreux à pédaler à Amsterdam le long des canaux. Ce 1er mai, la mode étant aux « renoncements » en Europe (le Vatican a ouvert le bal avant la reine Béatrix), c’est donc un nouveau roi, Willem-Alexander Van Oranje, 46 ans, qui assure l’unité nationale. Un événement ? Non pas parce que c’est un homme, le premier depuis 1890, mais parce que la kermesse qui se déroule dans le pays fête une… femme argentine.
En effet, le nouveau roi des Pays-Bas – on appelle roi ici un homme très ordinaire irrigué de sang « royal » transmis par la mère, et par les Pays-Bas de bière Heineken – le roi des coeurs, donc, s’appelle en réalité… Máxima. Une belle blonde, roturière, comme les aiment les Néerlandais peu portés à vénérer les aristocrates. Venue d’une Argentine qui exporte ses stars au Vatican et à Amsterdam. En fait de roturière, Máxima Zorreguieta est surtout appréciée face à un mari, certes pilote de chasse et forcément « fou de sport » comme les Monégasques, mais noyant son peu de charisme dans une passion pour la bière pils très partagée chez ses compatriotes.
On a bien fouillé la généalogie de Máxima pour avoir des choses à raconter dans Gala et Match. Et la plaindre un peu de ne pas pouvoir partager sa joie conjugale avec son père Jorge Zorreguieta, ancien ministre de l’agriculture sous le dictateur Videla (1976-83), accusé « d’avoir connu » les disparitions d’opposants. Et de ce fait, interdit de mariage princier en 2002 et toujours puni pour l’intronisation de son gendre en 2013.
Wilhem-Alexander continuera à moderniser la monarchie comme sa mère. Il ne s’appelle pas Guillaume IV comme le pape Bergoglio a renoncé aux généalogies. Il garde tout simplement son prénom. En guise d’hymne national, les Néerlandais chantent désormais un nouveau mélange de hip-hop et de chant choral que les réseaux sociaux ont moqué : «Nous construirons des digues de nos mains nues, nous sommes sur la brèche, des mangeurs de stamppot [plat national, saucisses fumées et légumes écrasés].»
La monarchie à vélo s’est-elle chaussée de sabots pour aller aux tulipes ? Non, elle représente le peuple mais ne forme plus le gouvernement. Au mieux, le roi présente le budget, y compris la facture des 825 000 euros de son salaire annuel que rechignent à payer les Hollandais, signe les lois, défile à Amsterdam en orange, couleur de la dynastie des Orange-Nassau. On fera en sorte qu’il ne croise pas le défilé républicain en blanc. Mais on n’ira pas plus loin dans le bras-de-fer.
Merci Máxima !