Dans le feuilleton estival qui s’annonce avec l’agonie de Mandela, une bien curieuse translation de cadavres a eu lieu en Afrique du Sud. Elle traduit un singulier rapport à la mort dans cette région du monde à laquelle on annexe Madagascar et ses interminables cultes mortuaires.
Un peu comme Louis XIV décédé après son épouse et ses enfants, le Vieux Lion sud-africain a vu mourir trois de ses enfants d’un premier mariage avec Evelyne Mase dont il a divorcé en 1957 et dont il reste une fille survivante, Makiziwe. Les défunts avaient été enterrés à Qunu (Cap oriental) où Mandela a vécu enfant et où il souhaite être enterré.
Soudainement, en 2011, l’un des petits-fils Mandla déterre le corps de son père (mort du sida en 2005), de son oncle (mort dans un accident automobile en 1969) et de sa tante (décédée encore bébé) pour les déposer à quelques kilomètres de là, à Mvezo où est né le grand homme. Et où siège le chef du clan des 21 petits-enfants de Mandela, justement l’aîné Mandla.
Cette nouvelle géographie des cadavres n’est pas sans but. Le jeune homme souhaite que le grand-père repose aussi à Mvezo, à côté de ses trois enfants. Car il vient de construire un superbe hôtel… Mais ce 4 juillet, les trois corps sont retournés à Qunu sur décision de justice demandée par Makiziwe.
Cette histoire sordide cache un gros conflit sur l’héritage de la mémoire du prix Nobel. Mandla voit sa place contestée par les cousins. Makiziwe s’incruste dans la famille, voue les médias étrangers aux gémonies (« vautours racistes« ), prévient que le cimetière sera interdit au public après l’enterrement de son père. «Makiziwe règle aussi ses comptes. Au fond, elle n’a jamais pardonné à son père d’avoir quitté sa mère pour Winnie», croit savoir un homme d’affaires longtemps proche de la famille, rapporte Maria Malagardis (Libération, 4 juillet 2013).
Ce n’est pas tout. La deuxième épouse, la bouillante Winnie, se mêle de tout, y compris de dénigrer Jacob Zuma, le président actuel. Au point que les chefs des clans proches de Mandela sonnent le tocsin pour mettre de l’ordre dans ce bazar. Mais rien n’arrêtera Makiziwe et Zenani (une des filles de Winnie) dans leur lutte pour mettre la main sur les entreprises financières de Georges Bizos qui avait prospéré dans l’ombre de Mandela.
«Les grands hommes n’ont pas toujours les héritiers qu’ils méritent», soulignait dimanche un journal local, notant que seule Graça, la troisième et actuelle épouse de Mandela, a su rester digne et silencieuse.
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Sources : Libération et Newdze Zimbabwe