Enfin, la fin du téléphone… Je l’attendais depuis qu’il est arrivé dans la campagne de mon enfance. Comme un intrus, il nous dérangeait pour de fausses urgences.
En 1876, lorsque Graham Bell l’invente en parlant dans le fil, dans des conditions très controversées qui rappellent le pillage ou le plagiat, il ne répond pas à un désir des masses. Pourtant, c’est une révolution : il a-bo-lit la distance !
Mais pour quoi faire ? Car les hommes d’affaire ont le courrier. Un service impeccable, inventé par les Mongols, perfectionné par les Français sous Henri IV… Bell va créer le besoin du téléphone par le marketing aux entreprises et aux particuliers, dès le début du XXe siècle où il sonnait pour écouter un bulletin d’infos !
Depuis un siècle et demi, a-t-il modifié la géographie ? A-t-il été un antidote au provincialisme qu’un Balzac a si bien peint ? Contribue-t-il à replier les individus sur eux ? Certes, la croissance des villes lui est étroitement liée. Mais c’est pour mieux repousser les indésirables dans les banlieues éloignées. Les villes deviennent des agglomérations. Les centres-villes se grattent la tête au ciel (même si on se demande si les gratte-ciel ne naissent pas plutôt de l’ascenseur).
Très tôt, le téléphone a posé des problèmes toujours actuels avec les nouvelles technologies, comme l’usurpation d’identité, le trading et tant d’autres pratiques détestables comme le hacking, piratage des lignes téléphoniques comme le pratique Wozniak avant de créer… Apple.
Pour Tom Vanderbildt (1), le téléphone ne change pas grand chose. Les comportements qu’il fait naître (et qui font rire ceux qui ont vu Denise au téléphone, une comédie désopilante de Hal Salwen en 1996) mettent en lumière le bénéfice tout relatif du téléphone mobile, que le SMS est en train de tuer à petit feu. Puisque depuis trois ans, le trafic de la voix diminue…
Vive l’âge des cavernes, la lampe à huile, la marine à voile et le monde débarrassé du téléphone !
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(1) The Wilson Quaterly. « L’appel du futur ».