Tous aux canons ! Car je vais dire que les feux d’artifice, c’est ringardise et prout-prout pour tous. Une pincée de mauvaise conscience et d’écologie ? C’est polluant, c’est nuisible pour les animaux qui stressent. Passons sur le bavardage Delanoé du genre « Liberté, égalité, fraternité » qui est le thème du feu d’artifice de la tour Eiffel 2013 à Paris avec, voilà les chiffres, 25 000 projectiles qui feront un pan pan pan retransmis, waouh, à la télévision pour les pauvres pékins qui ne sont pas à Paname.
D’accord, on reconnait que les enfants aiment le prétexte de se coucher tard ce jour-là, qu’en regardant les étoiles, ils ont l’impression d’être dans la magie. En serrant leur petite pogne dans celle des parents, papa et maman ont vraiment l’impression d’être des protecteurs.
Voui, comme le dit Didier Brunel, artificier et chercheur au CNRS, le feu d’artifice, c’est archaïque, comme la magie du feu : « Juste avant, le stress monte. Mais dès que les fusées partent, on est dedans, comme un acteur qui entre sur scène. La concentration est totale. » Aucun risque de se laisser distraire, les artificiers ne voient rien de leur propre spectacle : « On suit les départs aux vibrations. C’est frustrant, mais nécessaire. » confesse-t-il à La Croix.
La mode nous est venue d’Italie et Louis XIII, puis Louis XIV ont été initiés à ces joies-là par leurs mères italienne et autrichienne. Faute de château, les Américains pratiquent la pyrotechnie au bord de l’eau. Avant que les spectacles se banalisent et se ringardisent par la télé.
« Je voudrais que le public hurle, avoue la fusée Jean-Eric Ogier dans l’excellent portrait que lui a fait Sabrina Champenois dans Libé. « Le feu d’artifice, pour moi, c’est un acte d’amour avec le public Psychanalytiquement, ça se tient : il y a une montée en puissance jusqu’à un acte d’éjaculation, en passant par les préliminaires« . Ho, ho, doucement, Jean-Eric… « J’ai 37 minutes pour faire passer des émotions« .
Ne rigolez .pas, per favore : car notre chercheur pyrotechnicien, Didier Brunel, fait de la géographie. Deux écoles de feux d’artifice en Europe. Au nord, on voit l’installation pyrotechnique. Au sud, on aime plutôt le décor, la religion (on tire pour le saint du village, à Malte). Et en France ? Comme toujours, on fait la synthèse… L’Asie orientale est jugée plus attirée par les effets « spéciaux ».
Une pincée de développement durable ? Commençons par les risques. Pas négligeables. L’environnement: à Cannes et Nice, le motodidacte Estrosi fait récupérer les déchets par des plongeurs… car les festivaliers ont droit à leur symphonie pastorale d’étoiles.
A Paris, à Saint-Cloud où l’on rêve de fêtes royales, Patrick Jolly (*) qui fait encore dans le bling bling-poum poum, avoue, soulagé : « Oui, le feu d’artifice, c’est un plaisir de gosse« .
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Lire Jean-Eric Ougier. Tout feu, tout flamme
Patrick Jolly, rockeur, producteur du Grand feu de Saint-Cloud (« le plus grand d’Europe« )
2 réponses à “Les feux d’artifice ? Un « plaisir de gosse »”
je recherche le livre : le livre des grands feux d artifice de Didier Brunel (cnrs) que je ne trouve pas.
Bonjour, le livre semble épuisé, et malheureusement je n’ai pas de piste pour le trouver d’occasion.