Vous êtes avec Facebook sur la toile la plus ouverte de la planète. Et vous ne connaissez pas les meubles de la boutique, malins !
Dans la boutique, il y a Mark Zuckerberg (la montagne de sucre, en allemand), 29 ans, époux de Priscilla Chan, chirurgien dentiste qui a installé ses clics et ses claques à Menlo Park, à une demi-heure de San Francisco. Onze bâtiments chauffés à.. 15° maximum (pour éviter l’assoupissement au travail) dans lesquels le bureau du boss ne se distingue pas vraiment des autres : livre sur les oiseaux traînant sur la table et un tag au mur (I love mom !)
Vous voulez entrer dans le saint des saints ? Prenez des sucettes à la cannelle que vous tendent les hôtesses et ne confondez pas, une fois le sas franchi, avec Disneyland. Guillaume Grallet raconte (Le Point, n°2130) qu’on lui a offert le coiffeur, la réparation du vélo en attendant de l’aiguiller.
Il a rencontré Fred Leach, formé en psychologie sociale à Stanford, qui engrange les revenus pub de Facebook. Innovant ? Leach veut plutôt calculer le retour sur investissement de la pub pour fixer ses tarifs que les clics. Ceux susceptibles de regarder la pub ? 1,3 milliard d’utilisateurs chaque jour ? « L’équivalent de l’audience du SuperBowl chaque jour ! » Erreur, Javier Olivan : les spectateurs du SuperBowl sont sans doute plus crétins que ceux qui viennent sur Facebook qui ne sont pas néanmoins tous devant leur écran.
Qui travaille ici, autour de Zuckerberg lequel est connu pour n’avooir pas passé son diplôme à Harvard ? Une majorité de têtes d’oeuf à qui on demande aussi de fabriquer des objets dans l’atelier de menuiserie, quelques Français, dont une joli Fidji Simo passée par HEC Jouy-en-Josas (Yvelines). L’embauche des ingénieurs implique l’enrôlement dans un boot camp, un programme de six semaines durant lequel on écrit du code. Une intronisation passant par la célébration du PHP, le C++ et le Python, explique Jocelyn Goldfein. Zuckerberg voudrait ouvrir les vannes de l’immigration choisie en faisant circuler quelques lignes d’un poème gravé sur la Liberté à NYC : « Donnez moi ceux qui changent le cours des choses et les rêveurs, ceux qui ont pour but le talent et qui veulent réaliser quelque chose (…) Envoyez-les moi, ces sans-frontières, je laisse ma lampe à côté de la porte« Toutes les six semaines, les salariés participent à un concours de programmation. Un « Hackhaton » pour innover, autrement dit pratiquer la stratégie de l’océan bleu où on demande aux employés d’inventer un programme différent de ce qu’ils font d’habitude.
Les autres lieux de Facebook ? Un data center dans l’Oregon, un autre en Californie du nord, un dernier qui vient d’ouvrir en Suède, à Lulea pour profiter du climat réfrigérant…
Menlo Park ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Car avec 50% de plus d’employés chaque année, il faut pousser les murs. 43 hectares retenus (la surface du Vatican) où travaille Franck Gehry, l’architecte du Guggenheim à Bilbao. On ne refait pas les Américains : Zuckerberg serait envieux du vaisseau spatial de Apple et de l’aéroport privé de Google…
On vous enverra des invitations.