Dans le Sud-Ouest français, on n’est pas bien tranquille. Non pas que les gangs marseillais migreraient dans la bonne ville de Bordeaux, mais parce qu’on découvre une Garonne en manque d’eau et un bassin d’Arcachon sous le risque d’une submersion ! C’est un rapport alarmant qui vient d’être publié à quelques semaines des chiffres du GIEC (groupement qui travaille sur le climat), intitulé Prévoir pour agir.
La Garonne a perdu depuis 1960 le quart de son débit, une diminution du même niveau pour les quinze ans qui viennent. Les jours à l’étiage augmentent très vite, imposant très vite une décroissance de l’irrigation du maïs, une transition des vergers et plein champs vers moins d’eau, car la progression de l’irrigation est trop rapide.
A Arcachon, c’est l’inverse : la mer pourrait monter de 50 centimètres d’ici la fin du siècle. Les dunes sont solides le long de la côte aquitaine, mais les estuaires et les villes comme Saint-Jean-de-Luz et Hendaye méritent des protections. Xynthia a fait des dégâts en 2010 dans toutes les zones basses, notamment à Arcachon.
Pour Hervé Le Treut, du GIEC, le scénario pessimiste est en train de se mettre en place avec une augmentation de 4 à 5 degrés d’ici la fin du siècle. Du coup, les émissions réduites de gaz à effet de serre, c’est bien, mais l’adaptation à l’inéluctable, c’est mieux. « Les gens sont sans doute bien plus mobilisés et prêts à s’adapter dès lors qu’ils prennent conscience des conséquences qui les concernent directement », note Hervé Le Treut (1). « L’Aquitaine va être confrontée à un réchauffement systématique s’accompagnant de vagues de chaleur plus intenses, particulièrement en été, et donc de situations d’évapotranspiration des sols également plus intenses. »
L’équipe de 162 chercheurs, excusez du peu (climatologie, géophysique, biologie, chimie de l’environnement, écologie, médecine, économie…) s’inquiète pour les oiseaux migrateurs, pour le moustique tigre venu de l’Asie du Sud-Est qui pourrait transmettre la dengue ou le chikungunya… On est content de voir que les sciences humaines sont prises en compte dans l’étude des réactions face aux changements et leurs réponses.
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(1) Source : Frank Niedercorn, Le réchauffement global vu au niveau local, Les Echos, 17 septembre 2013